lundi 9 novembre 2009

20 ans où on ne finit pas de distiller de l’espoir.






Si vous l’ignorez encore, il y a vingt ans, aujourd’hui, un mur est tombé. Pour tous ceux qui ont vécu ce moment, là bas, ou bien chez eux,  devant la télé,  il est vrai que ce fut un moment intense. La fin d’une époque, époque de guerre froide où l’on craignait une guerre nucléaire avec les russes (soviétiques).  Nous sommes noyés par tous ces documentaires, reportages assénés depuis à présent quinze jours.  Pourquoi tant d’heures consacrées à cet évènement qui n’est somme toute qu’un anniversaire de plus. 

Soulagement encore intense d avoir échappé au pire?  Manque d ‘imagination des journalistes?  Besoin de faire un bilan? Où bien manière détournée de faire des heures de remplissage à bon compte; émissions préparées aux heures perdues, vols d’avions, chambres d’hôtels et tables de resto réservées depuis une éternité pour les reportages « en direct ». Une commémo, c’est la négation de l’aventure, du risque pour les journalistes comme en fait, aussi, pour nous.


                                                  Le violoncelliste et chef Mstislav Rostropovich, venu fêter  la chute du mur
                                                                     ami de Soljenitsyne, il a fui l'Union Soviétique, et devint, malgré lui, apatride.





Là je vous ai  balancé des photos, choisies exprès en noir et blanc pour
Accentuer l’effet dramatique et manipuler à bon escient ceux qui les voient.




Puis le laïus dominant aussi si vous voulez, message de paix et d’espoir, naturellement, et hop, fini, merci beaucoup et à plus tard. 














 Et maintenant quid des murs existants,  celui qui sépare les US du Mexique, le mur de Géorgie, celui entre la Palestine et Israël, les murs dont on ne parle pas, pour arrêter les pauvres, ou ceux qui entourent Ceuta et Melilla, afin d'empêcher l'immigration d'africains vers l'Europe, via ces deux enclaves espagnoles en territoire marocain.

J’ai omis volontairement les murs historiques, qui ne sont que des témoins. De même  que parler de la Shoah n’empêche nullement les hommes de perpétrer des génocides, les murs tombés nous permettent d’oublier ceux qui se construisent encore.




Je ne résiste pas à l’envie enfoncer le clou, et vous faire écouter cette si belle chanson que l’on pourrait encore twister pour tous ceux qui sont enfermés dans des camions plombés.  Je n’ai pas de solution, je ne me sens pas coupable, je ne le suis pas, pas plus que vous. La seule chose dont je pourrais  être coupable c’est d’oublier, d’effacer tous ces destins, en me contentant de regarder les murs tombés. 





Nuit et brouillard

Jean Ferrat



Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent

Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés
Dès que la main retombe il ne reste qu'une ombre
Ils ne devaient jamais plus revoir un été

La fuite monotone et sans hâte du temps
Survivre encore un jour, une heure, obstinément
Combien de tours de roues, d'arrêts et de départs
Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir

Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou
D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux

Ils n'arrivaient pas tous à la fin du voyage
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux
Ils essaient d'oublier, étonnés qu'à leur âge
Les veines de leurs bras soient devenues si bleues

Les Allemands guettaient du haut des miradors
La lune se taisait comme vous vous taisiez
En regardant au loin, en regardant dehors
Votre chair était tendre à leurs chiens policiers

On me dit à présent que ces mots n'ont plus cours
Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour
Que le sang sèche vite en entrant dans l'histoire
Et qu'il ne sert à rien de prendre une guitare

Mais qui donc est de taille à pouvoir m'arrêter ?
L'ombre s'est faite humaine, aujourd'hui c'est l'été
Je twisterais les mots s'il fallait les twister
Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez

Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent


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