mercredi 11 novembre 2009

Camille, quasi-pire.


Afin de justifier le titre de mon blog, je vais vous présenter peu à peu  mes enfants, je suis assez tranquille, ils savent que j’écris, mais ne disent jamais rien, je suis sereine…

A tout seigneur, tout honneur, j’appelle, Camille, je pourrais dire Quasi-pire, il faillit vraiment se prénommer Camille, nous y renonçâmes au dernier moment, je souhaitais l’appeler ainsi en l’honneur de Desmoulins, mon héros.  Un pur, un dur, un incorruptible !

Quasi-pire, naquit en hurlant, ses hurlements retentissent encore dans cette vieille maternité désaffectée, ils exprimèrent toute son horreur d’être projeté dans notre monde.  Ce bébé était vraiment d’une lucidité épouvantable. Vous avez compris, Quasi-pire est un gars intelligent et hyper-actif, un vrai, du genre à ne jamais dormir, se mettre debout à 6 mois, à se déshabiller systématiquement dans son berceau, à 7, à se faire renvoyer de la halte garderie pour agressivité pour son premier anniversaire. Pas cool les puéricultrices, Quasi-pire protégeait « ses » jouets, c'est-à-dire tous les jouets que nous possédions ainsi que la crèche, tous les fisher-price, bonne marque résistante aux assauts des petits, il planquait ses trésors dans un coin et mordait les malotrus qui s’en approchaient. 

Sa petite enfance fut un combat pour nous, ce bébé se sentait en danger en permanence.  Il ne se réveilla jamais sans hurler abominablement, il dormait peu et était en porte bébé la plus part du temps seul endroit où il se sentait rassuré. Ses cris d'effrois et  crises de rage effrayaient tous les spectateurs médusés et laminaient nos nerfs.


Camille nous fit renoncer, aux séjours chez des amis, dans la famille, les sorties innocentes devenant un vrai parcours du combattant. Imaginez la gueule des clients d’un restaurant d’autoroute en voyant débarquer une famille, « bcbg », dont le dernier rejeton entre dans le restaurant à quatre pattes, en imitant à la perfection un chien. Chien aperçu, dès l’entrée par ce mime-né de 4 ans…. Nous avons fait face, le déjeuner se déroula normalement.

Les années passant, Camille  grandissant, je pris l’habitude d’être convoquée dès le premier jour de classe, une année car une greluchette se fit couper ses cheveux très longs, ils devinrent plutôt assez courts,  mon fils s’ennuyait ferme, il avait une belle paire de ciseaux, toute neuve dans sa trousse et de superbes cheveux devant lui, coincés par la barre du dossier de la chaise, la petite fille sage ne dit rien, ce fut une chance pour lui, il acheva son travail consciencieusement. 


D’autre fois il sortait de la classe ayant oublié « un cruc »  dans la cour, évidemment il oubliait de tenir au courant sa maitresse, il sortait donc, paisiblement. Presque plus rien ne me faisait sourciller, je savais que de toute façon, psy et psychologues, me gonfleraient pour l’année : J’avais tort, j’avais mis au monde un petit canard. Certains même me soupçonnèrent de ne pas aimer mon canard, des andouilles qui cherchaient une justification à l’attitude atypique de l’enfant ! Qui dit atypique, dit hors norme, qui dit hors norme dit exceptionnel.

Voilà, Camille est exceptionnel, il fut d’ailleurs parfaitement allergique à l’éducation nationale, et l’inverse fut vrai, le système éducatif le rejeta, simplement, « robot pas reconnaitre: Enfant stupide ? Non, bon ; enfant maltraité ? Non, bon ; enfant trop intelligent ? Non ? Non ! 


Aucune  case ne correspondait à cet enfant, très dérangeant. Enfin si, un psy me lâcha "caractériel", le vrai caractériel, le truc qui a quelques choses dans les gènes, sur le même gène que l'autisme d'ailleurs dont il avait  parfois des comportements analogues.  On me proposa des calmants que je refusai, je refusais de le droguer, puis lorsqu'il fut ado, je refusais de le droguer à son insu.


Je cherchais une association de parents, n'en trouvais pas, pas de soutien, pas de parrainage; aucune aide à attendre si ce n'était dans des camisoles chimiques. Je disais aussi écrire un livre pour raconter son enfance peu banale, je ne le fis pas.


Il est devenu l’adulte  dont on rêvait lorsqu’il était enfant : Beau, travailleur, adorable, soucieux de ses proches …. Et il ne lit pas mon blog, il pense me connaitre par cœur, à avoir essayé toutes les pistes : fugues, bagarres, commissariat de police, juge d’enfant…

Son éducatrice, la blondasse comme l’appelait cet adorable ado était très gentille, elle disait toujours de nous que nous étions des parents merveilleux, que l’on s’y prenait bien….Finalement, elle n’avait pas tort, elle ne nous a pas beaucoup aidé, mais le pouvait elle ?

Après  environ 22 années d’observation attentive, mon fils m’ayant vraiment  testé et ayant testé l’hom à fond également, nous rendit son verdict. Sa conclusion fut sans appel, vous êtes de bons parents, pas géniaux mais pas mal, quand même !

" Si j’ai un fils qui me ressemble, je vous le confierai."

J’espère de tout mon cœur que ses qualités sauteront une génération. Voyez, je suis vraiment une grand’mère indigne.

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