mercredi 16 décembre 2009

Valentin et la pédagogie active


  Il y a de cela des années, Valentin fut persuadé pour une petite éternité, être nul en mathématiques.

Il avait six ans, était en CE1, suite à une erreur de son instit de maternelle qui voulant leur faire « découvrir » les lettres apprit à lire, malgré elle,  à deux enfants de  trois  quatre ans, Valentin et son copain de la vie Etienne. Cette instit, toute confuse, s’en excusa auprès de nous et reçut un blâme pour avoir débordé de son « programme ». Faire découvrir n’est pas apprendre.  Le programme disait « découverte de l‘écrit » pas apprentissage de la lecture…
 Après qu’il eut crevé d’ennui quelque temps, faisant un refus scolaire, Valentin jugeant l’école trop nulle, croisait les bras, sur son bureau et durant, un trimestre entier a refusé de  faire quoi que ce soit, surtout les fiches débiles de bébé qu'il rejetait fermement ne les regardant même pas. J’étais sincèrement désolée et son instit exaspérée. Blocus total. Etienne lui malmenait son instit autrement par des questions déplacées :
  -« Comment s’écrit éléphant ? »
-« Je t’ai demandé de dessiner, pas d’écrire »
« J’aime pas dessiner, je veux écrire »
De guerre lasse, les instits  appelèrent  la « psy «  de l’école  au secours qui  testa les petits récalcitrants  et les éjecta de la maternelle. Cela fut perçu par l’équipe pédagogique comme un échec, puisque ces enfants-là prenaient de « l’avance » sur leurs petits copains. Etienne et Valentin entrèrent donc au CP  avec un an d’avance.


A six ans donc ce petit bonhomme était un apprenant parmi les autres de la magie des 4 opérations. Additions,  puis soustractions. La pédagogie active est de faire découvrir la nécessité d’un savoir par le futur apprenant avant de lui donner les outils pour accéder à cet acquis. Il eut, à la maison, des exercices à résoudre nécessitant la pose de soustractions, sans que jamais on ne lui montre d’exemple de soustraction, sans aucune  méthode donc. Valentin, posa des opérations « à sa manière » les résolvait et obtint de fort bonnes notes aux contrôles. Il avait inventé sa méthode. L’affaire dura longtemps, car il fallait que tous les « apprenant » ressentissent la nécessité de la méthode ignorée ; certains ont la comprendette un peu longuette. Six semaines s’écoulèrent ainsi.

 J’allais voir à deux reprises l’institutrice, qui bardée  de son savoir breveté « IUFM » méthode sourire, m‘expliquait  patiemment et gentiment, répétant autant que nécessaire que sa méthode était absolument géniale et donnait à tous les enfants l’envie d’apprendre. Il ne fallait pas que je  montre à Valentin, à la maison,  comment poser une soustraction correctement, je ruinerais sinon  les chances de mon enfant. La situation était bloquée, je connaissais Valentin et redoutais le pire pour la suite.  Aucun de mes arguments ne fut  écouté, furent ils seulement entendus ?


Au bout de six semaines augmentées des deux semaines de congé, l’instit donna LA méthode, dix jours  d’apprentissage et l’acquis était censé être fait. Malgré des séances de répétitions  à la maison où je pouvais, enfin, apprendre à Valentin la méthode intelligible par tous,  en essayant de le convaincre que la nouvelle méthode était la seule « labélisée école » Valentin préférait toujours la sienne plus rapide et plus sure selon lui.

Contrôle.

Valentin eut une note exécrable, les résultats étaient bons, naturellement mais la méthode, celle employée auparavant qui lui valut des 10/10  ne lui donnait pas même 3/10. Valentin fut découragé ; il y eut d’autres contrôles, il se ramassa d’autres sales notes. Ce genre de pédagogie fut appliquée par la suite  maintes fois, il fut dégoûté par quelques échecs et n’avait plus envie ni de chercher ni de comprendre. La logique des adultes lui échappait. Son opinion était faite.  Il était nul en math.

Et cela malgré mon soutien actif et un apprentissage méthodique que je lui donnais à la maison, afin de préserver ses chances d’avenir scolaire… Valentin  a 15 ans aujourd’hui, il est à présent en première, il est déçu lorsqu’il obtient moins de 16/20 en math.  En ce moment, les IUFM craignent que Luc Chatel démantèlent leurs formations, je cherche encore une statue de Sainte Rita (causes désespérées) pour y brûler des montagnes de cierges. Pourvu que l’on démantèle enfin ces usines à gaz de la pédagogie active.

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