lundi 26 avril 2010

Pigeon ou corbeau?


J’adore les pigeons tous ! Ceux des villes aussi, maigres,  plumage terne,  yeux torves et chiasseux ; le vrai bonheur, au printemps quand ils s’installent tout près de vos fenêtres, laissant de plus leurs fientes près de leurs nids crasseux. Vous avez supporté vaillamment leur roucoulements agaçants  dès potron minet, avez également résisté à la tentation d’essayer de leur fourguer de la mort au rat ou autre délice afin que leurs prédateurs naturels inexistants trouvent en vous leur remplaçant.

Héroïque, vous n’avez jamais engueulé votre vieille voisine qui leur donne du grain tous les matins, éloigné de votre pensée l’idée d’empoisonner aussi cette dame qui se lève bruyamment dès six heures et allume son téléviseur pour écouter les inepties fenêtres ouvertes et volume accordé au trafic routier qui l’empêche d’entendre sinon, de sa cuisine.

En fait vous avez eu raison, un vrai bonheur ces pigeons, car lorsqu’il n’y a plus de pigeons, il y a des corbeaux. En m’installant dans mon nouvel appartement, j’étais plutôt ravie de constater l’absence de pigeons dans les jardins et squares bordant l’immeuble, les corbeaux ont plus fière allure. Leur plumage est à la hauteur de leur ramage.

En février ces squatteurs des villes sélectionnent leurs habitats, cris, bagarres, croassements lugubres. Puis vient l’époque des amours, croassements  croissants . Lorsque les nids sont prêts, amas énormes de brindilles ils sont toujours l’objets de disputes et jalousies, le mâle surveille son bien, et crie puis hurle,  dès qu’un concurrent vient examiner son installation.  Œuvre et dépendances, personne ne peut s’en approcher sans déclencher une alarme  rauque  et  éraillée.

L’éducation des corbillats se fait en musique et cris de colère, croailles d’avertissement puis d’encouragements raisonnent de 5 heures du matin  à l’extinction du soleil, jusqu’à plus de vingt-deux heures  à la bonne époque. 

Certains soirs du printemps  dernier, j’ai entendu un riverain excédé tirer depuis sa fenêtre sur une bande de jeunes  freux. Je compatissais silencieusement à sa fatigue, nulle plainte n’a été déposée, les victimes se sont terrées trente secondes et ont repris  de plus belle.


                                                          photo Univers nature

Si vous avez la chance d’avoir une bande de pigeons des villes soyez rassurés vous n’avez pas de corbeaux freux, et cela vaut mieux ! La graille  n’est pas très mélodieuse.

Evidemment à la campagne ces sont des concerts, de mésanges, pinsons, et moineaux qui sonnent le réveil.

Il y a des animaux pour lesquels  je signerai volontiers une  pétition d’extinction.  Il en va de l’humeur matinale de bien des gens.

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