lundi 13 décembre 2010

Malaise au rayon saumon.

 Chaque semaine la corvée frigo revient, je hais les grandes surfaces mais estime qu'elles nous font gagner tant de temps dans ce que ma grand mère appelait les "commissions". Maman et ma belle mère font leurs petites courses tous les jours encore, pain frais et journal , elles prennent leur viande chez le boucher, papotent avec les commerçants et consacrent une heure par jour  environ à ces menues emplettes.

 J'aurais le temps de vivre ainsi, mais très sincèrement je déteste aller chez le boulanger puis chez le marchand de journaux, ce quotidien routinier me déprime . Je fais partie de ceux qui désertent le centre des villages et coeur des cités. Aller au marché n'est sympa que dans un imaginaire très loin de ma réalité,  il faut surmonter pleins d'épreuves afin de participer à cet acte socialisant très bien côté par les néo-ruraux, bobos, dont je suis pourtant assez proche. Tout d'abord   garer sa voiture alors qu'il n'y a pas de place, rejoindre le marché en  se frayant un chemin au milieu  des cagettes amoncelées, SDF,  passants nonchalants et autres obstacles composés  du mobilier urbain  aux poussettes d'enfants et durant ce parcours du combattant faire un choix de commerçants,  puis attendre devant  chaque étal choisi afin d'être servie, parfois rapidement, parfois pas, se battre aussi pour obtenir le privilège d'être enfin entendue.

"Pardon, madame, j'étais là, avant vous!"


"Mais la queue ne démarre pas de côté?"


"Non, de l'autre côté, mais cela fait trois personnes que je laisse passer"


Le commerçant : "On peut pas tout voir, et même si on voit on ne peut rien dire.. Surtout avec les petits vieux.."

"Touchez pas aux légumes s'il vous plait madame!"

Sourire lorsque le commerçant n'a pas de plastique pour envelopper les radis terreux vendus à prix d'or, les enfouir dans son cabas, propre jusqu'alors et enfin  sortir son porte monnaie pour régler,

"Vous n'avez pas la monnaie?"

L'épreuve est à demi finie, les courses terminées,  il reste à  porter les paniers, affronter froid et bourrasques de pluies et vents, chalands et voitures, traverser cette cohue hostile car indifférente  avant de regagner enfin le cocon prolongateur  de sa maison, sa voiture. Le seul moment où je suis heureuse lorsque je fais un marché est lorsque je rentre enfin chez moi.

Mais dans ce cas là, j'ai bonne conscience.

Sinon c'est l'hyper toutes les semaines, hyper où un profond malaise m'a saisi ce matin lorsque devant le rayon "produits de la mer"  un rayonnage long comme un rivage sans fin proposait uniquement du saumon fumé. Je souhaitais en acheter, mais l'indécision fut rapidement doublée par un profond dégout, le trop tue l'envie. J'ai du me ressaisir et arrêter d'essayer de comprendre ou comparer la bonne centaine d'articles différents exposés sous mes yeux, prendre plus ou moins au hasard un paquet correspondant aux pâtes au saumon que je souhaite préparer avec et m'éloigner au plus vite.


                                           Photo blog Amaury Beautru

Jusqu'aux caisses mon malaise perdura, pas trop de monde pourtant mais un magasin silencieux, oppressant, où des vigiles devisaient calmement, un bébé pleurant sans fin au lointain. Je me suis enfuie le plus rapidement possible, ayant en moins d'une heure réglé le ravitaillement pour la semaine. Une semaine pendant laquelle je ne réfléchirai pas à l'absurdité de nos modes de consommation, absurdité dont je suis pleinement responsable, je pourrais renouer avec les habitudes ancestrales et aller acheter mon pain chaque jour, en fait, j'ai acheté une machine à pain...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pour le saumon je suis dégoutée à tout jamais depuis un reportage où l'exploitant expliquait qu'il les traitait aux granulés de désherbant c'est ce qui fait le mieux pour les champignons du saumon :(((
SyLvie L