jeudi 28 avril 2011

Agnès, Arthur, Thomas, Anne et Benoit.

Cette après midi une messe de funérailles sera célébrée à Nantes, et je crois que si j'étais nantaise je serais allée assister et prier sur cette place qui sera envahie par des curieux, des journalistes et aussi par bien des gens qui sont simplement stupéfaits par un tel drame.

Pourquoi les faits divers nous hypnotisent ainsi? Pourquoi ce fait divers là suscite tant de curiosité? Dans bien des journaux en ligne on peut vérifier que tous les articles concernant la famille de Ligonnès sont parmi les plus lus, les plus commentés.

Xavier de Ligonnès a exécuté sa femme et ses quatre enfants, gommant définitivement leurs existences. Son crime fut soigneusement programmé, bail de la maison résilié,  achat de matériaux nécessaire à leurs ensevelissements, cours de tir, lettres aux amis donnant des instructions pratiques, lettres aux établissements... Aucun hasard, aucun coup de sang, il préparait probablement depuis longtemps ces meurtres. La mort de son père, Hubert, en début d'année a probablement déclencher le compte à rebours,  la carabine héritée fut l'arme de l'anéantissement.

On peut essayer de réfléchir à un tas d’éléments ou simplement s’arrêter à cela, la carabine d'Hubert de Ligonnès, arme familiale servit à détruire définitivement cette famille portant un héritage trop lourd pour les épaules du père.

On ne choisit pas sa famille, on ne choisit pas ses cages, le regard des autres est parfois lourd à porter, je ne comprends ni ne veux excuser cet homme complètement, mais il me semble que l'enfermement dans ce système  a conduit cet homme a multiplier les dettes acculant sa famille à la ruine.



                                  Château de Ressouches

Le dernier dîner en famille d'abord avec sa femme et trois de leurs enfants au restaurant à Nantes, puis le tête à tête avec Thomas dans cette auberge de luxe  seront les derniers souvenirs que les siens auront emportés dans la tombe, le père nourrissant sa famille avec les égards qu'il croyait leur devoir. Il n'a pu se résoudre à les abandonner et a préféré les tuer tous avant de partir.

Comment peut il continuer à vivre?

Aujourd'hui, la police le recherche et écume les monastères et les propriétés où il aurait pu trouver refuge. Je reste persuadée qu'il a tourné la page de sa vie et est parti au volant de son 4x4, seul ou pas, dans un pays où il sera juste, Durant ou  Dupont peu importe, enfin lui, peut être l’espérait-il.

Cette après midi la police scrutera la foule, parfois les criminels reviennent assister aux obsèques de ceux sans qui  ils ne peuvent vivre.

4 commentaires:

Françoise a dit…

c'est une approche interessante qui change un peu des versions des journalistes

je crois qu'on doit toujours chercher à comprendre.. ne fusse que pour tenter d'éviter que les choses terribles ne se reproduisent

Et je suis bien d'accord que "l'héritage" moral peut être lourd très très lourd
ou du moins l'image qu'on s'en est fait
ou qu'on vous en à fait

Ladywaterloo a dit…

Très difficile de donner à la fois des racines à nos enfants, donc les traditions familiales et leurs us et coutumes tout en laissant la liberté de déroger voire de déchoir!

Sophie a dit…

Hum, je te trouve bien magnanime vis à vis de ce type qui a trouvé le temps de faire une étape dans une étape de rêve où il a fait un repas fin (comment est ce possible, comment fonctionne cet homme ?), apparemment, il n'était pas consumé par les remords ...
J'ai lu un article d'un psy qui parlait à son égard, de narcissisme qui l'empêcherait de passer à l'acte pour son propre compte, un peu comme Jean Claude Romand qui massacra toute sa famille mais mit toutes les chances de son côté pour être sauvé (lire "L'adversaire" de'Emmanuel Carrère, magnifique roman à ce sujet).
Tous deux avaient d'ailleurs une maitresse, et je pense à ces deux pauvres femmes (la dernière fréquentait des blogs où elle disait sa peine et son inquiétude vis à vos de son mari), et surtout aux enfants, à qui on ne laisse même pas la chance d'une vie meilleure que la sienne. Ils étaient beaux, ils avaient un avenir devant eux : c'est inexcusable.
Tu parles de la pression sociale, et le libre arbitre alors ?
Il est enfin à remarquer que ce sont souvent des hommes qui mettent fin à la vie de leurs proches, comme le père de ces petites jumelles que leur mère cherche encore désespérément. Cela pose des questions ...

Ladywaterloo a dit…

J'espère de tout mon coeur que les petites jumelles sont encore en vie. Je trouve monstrueux les meurtres qu'a commis cet homme, mais au vu des témoignages (il adorait sa femme, sa famille) on peut penser qu'il a disjoncter, le poids devait être trop lourd.

Aujourd'hui, encore, je vois des hommes accablés par le poids que la société et leurs familles font peser sur leurs épaules, je reste profondément persuadée que dans cette épouvantable histoire il est aussi victime, et pas que coupable.