vendredi 23 décembre 2011

Le bonheur?

A Noël comme pour toutes les fêtes se cristallise l'idée du droit au bonheur, le fantasme du bonheur absolu, le droit au bonheur.

Il y a peu, j'étais chez une amie qui vient de faire superbement restaurer une vieille maison,  en six mois de temps d'une presque ruine elle a fait une très jolie maison. J'ai tout arpenté avec elle et admiré maintes choses, petites briques anciennes  retapissant le foyer de cette si vieille cheminée découverte lors de la restauration, escalier de la tour du XVI siècle si joliment  jointoyé, et pavement complété avec des retrouvailles du jardin, mais plusieurs  travaux m'ont paru superflu, tout au moins,  pour mon bonheur.

Après le déjeuner, elle  m'a proposé de visiter sa chambre et salle de bain (je sais on dit suite parentale, mais je trouve cela inutilement pompeux), la salle de bain réalisait, en principe le rêve de toutes les nanas,  baignoire en pose libre et immense douche à l'italienne sol en galets, m'exposant le robinet thermostatique, ou autre nom, j'ai du lui paraître brutale car je lui ai dit

Tu sais, ce genre de chose, je ne sais pas m'en servir,  à chaque fois je maudis les inventeurs de ces trucs aux commandes sophistiquées, c'est compliqué et sincèrement un simple mitigeur, fait mon bonheur!


Et, j'ai vu dans son regard, quelque chose de doux et un peu triste, elle sait que ma maison, si belle, aussi , est infiniment plus simple, que les choses coûteuses y sont rares, je ne suis pas consommatrice dans l'âme, pire j'aspire à le devenir encore moins. Mon homme est naturellement frugal, ascète, il aime le beau, le vrai, mais se fiche des modes et encore plus du luxe inutile. Je deviens au fil du temps plus indifférente au marquage social des vêtements, objets et modes de consommation. Nous avons dans l'idée et l'esprit la décroissance ancrée, nous vivrons sereinement dans un jardin qui ne sera pas l'Eden, mais où gagner son pain sera plus difficile.

Notre société a convaincu les hommes que consommer rend heureux, et une course insensée aux consommations diverses et variées se multipliant plus vite que nos moyens s'installe parfois, si nous n'y prenons garde. Je ne lis plus les grands prix littéraires, je n'ai plus les moyens de payer 18 ou 20 euros pour un livre, je vais  à la bibliothèque, je ne vais presque jamais au cinéma, bien que j'adore cela,  et ne me suis jamais offert le luxe d'un restaurant étoilé. C'est un choix, j'ai une immense famille,  et dois encore élever mes  derniers enfants, penser à leurs études voire à  pouvoir leur offrir des mariages "de rêve", ils sont jeunes et se démarquer  du courant sociétal demande de la maturité. J'ai de la chance, j'ai le choix, un peu, et surtout l'immense bonheur de pouvoir offrir des études à mes enfants, bien des gens se saignant aux quatre veines, n'y arrivent pas, je ne l'oublie jamais.

Ce soir, alors que mon dos m'envoie des signes d'alerte,  je me suis allongée, le travail terminé,  très fatiguée, je sais cependant avoir choisi la vraie part du roi, celle de rester indifférente  aux sirènes tentatrices du plus et du mieux,  en ce moment surtout, Noël est devenu le grand temple de la consommation, nous nous sommes éloignés des néons des cités et les oublions.

Pour Noël, nous serons à la maison, cette année, nombreux, il y aura tant de cadeaux bien sûr pour les petits, parfois pour des grands, mais personne ne se sentira nul d'offrir de touts petits cadeaux, modestes et sans prétention, nous partagerons simplement, après avoir assisté à la messe de la nativité, la joie de se faire des surprises choisies avec amour, avant de partager un repas de fête entièrement élaboré à la maison.

Au fil du temps, nous réapprenons, les choses simples  qui furent oubliées par la génération de nos parents, et renouons avec des valeurs que les trente années glorieuses avaient voulues enterrer, et si le vrai bonheur parfois n'est pas de rechercher, le mieux, le plus beau, le plus cher, si on nous avait menti?



Il est surement plus simple de penser que tout peut s'acheter, mais combien de fois nous sentons confusément  que nous nous perdons dans cette recherche, sans savoir comment faire autrement, du vide qui recouvre le bruit des centres commerciaux; du pauvre, alors que nous dépensons des fortunes qui paraissent dérisoires n'assouvissant plus notre besoin de bonheur.

Le bonheur parfois c'est simplement de pouvoir être en paix, de pardonner mais surtout de commencer par se  pardonner à soi même,  jamais on a tant oublié le commandement si important

Aime ton prochain comme toi-même. C'est la règle d'or de Jésus, qui ramène les dix commandements de Moïse à un seul : l'amour du prochain. Est-ce donc là l'essentiel?


Pour aimer son prochain comme soi même, il faut d'abord s'aimer soi même, ne l'oublions pas, prendre soin de soi, recevoir pour ensuite donner, en ces jours de Noël, cela m'a paru important de m'en souvenir, Marthe doit parfois s'effacer devant Marie.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

amen.
Quel joli prêche, non vraiment.
Cette vanité à toujours chercher à nous démontrer que vous êtes dans le vrai, que c'est vous qui savez vivre, qui avez tout compris. Mais n'aviez -vous pas raconté précédemment que vous aviez 3 frigos pleins à craquer de nourriture ... n'est-ce pas trop ? la surconsommation règne, partout, je vous le confirme.
Et j'imagine la tête de votre amie si elle connaissait le fond de votre pensée ... Elle a le droit d'aimer les belles choses et de les acheter si elle en a les moyens et si ça lui fait plaisir non ?
Vous dîtes ne pas pouvoir acheter un livre, aller au ciné, par choix car vous devez financer les études de vos enfants. Mais si vous aviez VRAIMENT le choix (financier, j'entends), vous profiteriez de tout, comme tous ceux qui le peuvent.
Tout ceci est donc bien hypocrite et cache une pointe de jalousie ou d'envie ...
Miss Austerlitz

zenondelle a dit…

Merci chère Lady,

Pour ce texte aux accents de vrai bonheur loin du consumérisme, du conventionnel forcé, plus proche de l'humain et des valeurs qu'il s'efforce de porter et de transmettre.
A ceux qui ont du mal à saisir, je confirme que oui, on peut avoir un frigo bien rempli, voire trois, et sans se ruiner, lorsqu'on fait les choses par soi-même ... et avec le coeur. C'est même meilleur !!
Cette année, je suis étudiante rémunérée, mais beaucoup moins que lorsque je travaille, et moi aussi j'achète peu de livres, moi qui suis pourtant une mangeuse de livres ... Ironie du sort, je fréquente assidument la bibliothèque, à laquelle je donne même du temps bénévole, je suis plus disponible et je lis plus qu'avant. Quant au ciné, par choix, je boycotte les grands réseaux de distribution, et préfère fréquenter l'unique salle près de chez moi, même si j'attends parfois des mois pour certains films. La programmation y est excellente et le prix des places modiques (3 euros enfant, 6 euros adulte)... Tant d'exemples pour dire que ma sensation de bien vivre s'accroît lorsqu'elle est débarassée de la pulsion de consommer...
A lire sans modération l'heureux essai de Comte Sponville Le bonheur désespérément, 2 euros, édition librio ... Preuve que les meilleurs choses à goûter ne sont pas forcément les plus chères ...
Joyeuse fêtes à tous

Ladywaterloo a dit…

Miss Austerlitz

Il n'y a aucune hypocrisie, ni jalousie, heureusement d'ailleurs. Mon amie me connait assez pour me savoir sincère. Je ne sais pas ce que je ferai si j'avais vraiment beaucoup d'argent, mis à part en donner pour que mes enfants puissent acheter une maison.


Ma plus grande ambition est d'avoir un peu d'aide pour le ménage, j'espère pouvoir le faire, l'été prochain, actuellement je mets à contribution tout le monde, mais en période de vacances, c'est assez difficile l'esprit de tous est à la détente, et je suis maniaque.

Mes trois congélateurs se vident petit à petit nous sommes seize en ce moment à la maison et vingt deux dès la fin de la matinée. J'ai effectivement préparé beaucoup de choses en avance, car une cuisine fut elle grande avec trois bébés et sept petits enfants est rarement propice pour que l'on puisse cuisiner tranquillement et je en suis pas super woman, de loin s'en faut.

On a le droit d'aimer les belles choses et de les acheter, mais la course à la consommation est sans fin, dans notre société et cela je le dénonce.


Merci Zénondelle, j'essaierai, lorsque le calme sera revenu chez moi, de me procurer l'essai que tu me conseille. Je te souhaite ainsi qu'à tous une belle fête de Noël, douce et heureuse.

Charlotte a dit…

Merci Lady, pour ce texte qui fait si joliment écho à mes propres pensées. Nous sommes toutes les deux sur le même chemin, et je suis contente d'y voir aussi Zénondelle, j'aurai deux bien agréables compagnes de route ! (et comme aimait le dire mon père si regretté "il vaut mieux fuir les grandes avenues bien larges et très fréquentées pour cheminer dans les sentiers sinueux, ils sont moins faciles mais tellement plus enrichissants, et l'on y rencontre des gens bien plus interessants")...
Heureux Noël !

Sylvie L a dit…

Ce post auquel j'adhère me fait penser à une chanson de A. Souchon que j'adore "foule sentimentale" ....
PS : joyeux Noël :)

Clo a dit…

Maman ? tu as eu le temps de nous faire a chacun un cadeau fait main cette année ? tu sais, je peux te raconter celui de chaque Noël...
larmes aux yeux, c'était hier soir, un client indélicat m'imposant une charrette bien mal placée !!!
Comme je partage votre vision de cette fête, familiale, gourmande et généreuse, pas forcément dispendieuse (de toute façon factures et taxes incontournables forcent à la raison ;-))
Et le moment que je préfère c'est le Noël des enfants : ceux qui ne croient plus au père Noël préparent des cadeaux et les offrent avant de recevoir ceux des adultes... c'est un moment extraordinaire ! tant d'ingéniosité, de bon sens, de justesse... l'esprit de Noël est bien là et cette fameuse société de consommation clinquante très loin !
je file coudre quelques boutons, j'ai une chemise de bucheron à terminer ;-)
Joyeux Noël à vous tous et toutes

bb84 a dit…

Encore une fois ( il arrive que je ne le sois pas, mais c'est rare)comme je suis d'accord avec vous,anéantie de fatigue avant le rush de ce soir ( nous ne serons " que" douze dans un appartement ...pas très grand)et heureuse de pouvoir encore accueillir tout le monde. Je ne vous trouve pas du tout hypocrite, vous dites bien avoir la chance de pouvoir faire des choix, j'ai fait les mêmes... Bon Noël

lau' a dit…

Ton texte est magnifique et dit exactement ce qui est essentiel
cette année nous avons fait le choix de feter Noel tous les 6 collés les uns contre les autres
les cadeaux étaient peu nombreux mais ce qui était au centre Jésus enfant et être ensemble
Une belle messe de Minuit c'est la plus belle je trouve
je vous souhaite de bien profiter de votre grande famille
Très beau et saint Noel