mardi 24 janvier 2012

Aïe, aïe, aïe, ma mère!

La fin d'hiver, s'étire et déjà nous préparons les calendriers familiaux des dates à retenir, deux mariages de nièces, l'un inaugurant la belle saison en avril, dans le sud;  l'autre, en fin d'été dans le centre de la France, deux baptêmes sont à prévoir, et les multiples calendriers à conjuguer compliquent l'affaire.

Notre inclinaison première serait de regrouper les baptêmes , afin de n'avoir qu'une seule date à bloquer, mais les familles de mes gendres,  aimeraient aussi pouvoir organiser des baptêmes chez elles,  nous essayons alors de conjuguer les calendriers de tous,  pour la première fois, nous savons en  choisissant des dates qu'il serait surprenant que tous les frères et soeurs  puissent se rendre à ces rendez vous, quatre dates  sur une belle saison uniquement pour notre famille les obligeront à faire des choix.

Réunir la tribu, à la maison est assez aisé, ils ont leurs habitudes, nous cherchons, pour les réunions familiales, hors territoire, des  gîtes de groupes, avec grandes pièces pour les repas. Alice et Théo, souhaitant baptiser leur futur bébé  chez Théo, ont probablement trouvé déjà gîte à notre taille, pas trop luxueux mais pratique et  sympathique.

A midi, j'ai prévenu maman avec six mois d'avance sur les dates "à bloquer" , pas de chance cela ne lui convient pas! Ordinairement, elle  prétend être prévenue trop tard, là, elle prétexte l'éloignement où une autre "invitation", je ne sais pas rester zen et m'en moquer, je me  suis raidie et lui  ai rétorqué:

Maman, c'est ton problème, tu fais comme tu veux, mais on ne peut choisir les dates et lieux, uniquement pour toi!

Maman ne veut plus nous recevoir depuis des années, même par petits groupes, mère de cinq enfants, au départ, elle a résolu définitivement le problème en disant


Ma table, avec rallonge  a douze places, nous ne serons pas plus de douze!

Nous apportions autrefois, pourtant des repas, touts prêts, ma belle soeur et moi, afin de lui faciliter le travail, mais maman a toujours détesté nous recevoir. cela ne me contrarierait pas, si elle ne se plaignait pas de ne pas nous voir, de mal connaitre mes derniers enfants et pas certains de mes petits enfants, si elle refuse  en plus de venir aux fêtes de famille, qu'y puis je?

Il est certain que je ne souhaite pas la voir débarquer "à son aise" non plus, j'impose mes dates, elle m'a par le passé, plus d'une fois mis dans l'embarras en arrivant trois jours avant la fête programmée, me bloquant ainsi par des repas à préparer, des horaires à tenir, alors que j'avais un travail de dingue à abattre. Maison à préparer, courses à effectuer, décorations et cadeaux à  fignoler ainsi que monstrueuses séances de cuisine à effectuer. Rien de compatible avec le train-train de maman, qui déteste être bousculée le matin, ni abandonnée à quelque moment que ce soit, et entend prendre des repas à heures fixes  avec moi, sans pouvoir, et c'est normal, m'aider en quoi que ce soit.

Il m'est très difficile de satisfaire les différentes exigences, lorsque maman est chez moi , elle souhaite que je lui tienne compagnie, assise dans un fauteuil, même si des monceaux de tâches m'attendent; elle dit alors:

Tu peux t’arrêter un moment, le travail ne s'échappera pas!

Certes, mais hélas, il ne se fera pas non plus. Je me suis demandée si maman ainsi ne souhaite pas me mettre en défaut, en m'empêchant d'accomplir ce que je dois afin  de correspondre à l'idée qu'elle se faisait de moi, enfant, elle me disait que je ne saurais jamais tenir une maison,  je suis trop brouillon, trop  fantasque. Maman refuse aussi de venir à la maison, hors période de vacances ou fêtes, lorsque je suis tranquille, sans enfants, elle estime que cela n'est pas amusant. Je crois qu'en fait, elle n'a pas envie de nous voir, encore moins de me voir, mais n'ose pas se l'avouer.


Pour le baptême de Sacha, à Barcelone, maman avait trop mal au genou pour venir, elle renonça au dernier moment de se joindre à nous,  avec sanglots dans la voix et regrets éternels! Une semaine plus tard  elle est partie en croisière. Elle m'avait, peu après la naissance de Sacha,  fait un tel scandale car elle ne  le connaissait pas encore, que j' étais restée stupéfaite de son choix, et me suis mise fort en colère. Maman joue avec mes sentiments, me laissant toujours le mauvais rôle.

Je ne sais plus que faire de ma culpabilité, je n'arriverai jamais, je crois à la satisfaire. Ma belle mère est plus claire dans sa tête, je sais qu'elle ne viendra plus chez nous, sauf exception, mais elle ne voyage plus, et  ne se plaint pas de ne pas nous voir. Mon mari m'a demandé de ne plus s'occuper des fantaisies de ma mère et laisser mes enfants gérer les invitations de leurs grands mères, il a en théorie raison, mais je me suis fait déjà si souvent gronder de la prévenir trop tard,  et ainsi être responsable de ses empêchements.

Je ne suis pas la fille idéale, je ne suis d'ailleurs ni l'épouse idéale et encore moins la mère idéale, j'ai renoncé depuis bien longtemps à  ce qui m'avait été dressé enfant, en buts à atteindre. Je sais que j'ai déçu ma mère.

Ne se remet on jamais de sa mère?

Heureusement, on va vers la fin de l’hiver, et j'ai décidé d'enterrer avec ce billet mes regrets, aller de l'avant, regarder demain, la famille formidable n'existe pas, en tout cas, pas chez moi.



                                       J'adore Kill Bill, Béatriz a t-elle une mère?


                                                                         dessin tiré du blog d'une bibliopathe, ici.




17 commentaires:

francoise a dit…

au moins, on a une ressemblance, et ça me fait plaisir...
la culpabilité je l'ai jetée aux orties,
et les orties piquent et ne peux donc aller la récupérer...
j'aime ce billet

Sylvie CF a dit…

Sainte Patience , priez pour nous !
C ' est ce qui me vient à l' esprit en constatant l ' égoïsme de votre mère .

Martine a dit…

C'est marrant, je pourrais presque écrire la même chose. Que de fois ne me suis-je pas mise en colère contre ma Sainte Mère (qui, maintenant du haut de ses 98 ans a toutes les excuses, du moins le considère-t-elle comme celà). On lui doit tout, elle n'a jamais compris la différence entre affection et devoirs! Moi aussi je culpabilise souvent et j'ose le dire, mais c'est un peu difficile: je crois que je n'aime pas ma mère, non pas en tant que personne mais pour tout ce qu'elle représente et que j'exècre: la bourgeoisie, l'art de vouloir toujours paraître, la bienséance...
Mais moi, je n'arrive pas à jeter ma culpabilité aux orties et j'ai souvent un peu honte de moi-même en me disant que plus tard, que penseront mes enfants de moi? Alors je fais avec tout ça et je continue à lui rendre visite une fois par mois. Pourtant ce n'est pas à côté.

Francine a dit…

Quoi que tu fasses, ce ne sera pas comme il faut ou pas suffisant. Ma mère est comme ça, nous avons dû renoncer à la voir pendant plusieurs mois car ses demandes devenaient de plus en plus impératives (ma sœur s'est fait jeter dehors car elle ne voulait pas aller chercher dans l'heure des crèmes dessert)et tournaient au chantage affectif (une contrariété = une menace de suicide). A 94 ans, nous avons dû demander une mise sous curatelle renforcée pour début de maladie mentale. Elle a immédiatement appelé mes beaux parents pour leur dire des horreurs sur moi, et quand nous l'avons protégée d'une personne qui en voulait à son argent, elle a appelé la meilleure amie de ma sœur pour lui dire que nous étions des garces. Ce ne sont que quelques exemples entre mille... Je sais maintenant que ça ne sert à rien d'essayer de la satisfaire car elle trouve son plaisir à nous sadiser.
C'est très difficile de faire le deuil d'une relation apaisée avec sa mère, mais il faut aussi arriver à s'extraire d'une relation toxique.
Bon courage

Sylvie CF a dit…

J ' ai l ' habitude de dire que le fait d ' être vieux ne donne pas tous les droits et surtout pas celui d ' être ch....
C ' est certes plus élégant de parler de " fantaisies " .
Je précise que j ' ai tjrs eu un plutôt bon contact avec les personnes âgées .

Charlotte a dit…

on dirait que le sujet fait mouche ! Ma mère, exigeante et si peu aimante, n'accepte pas que je (et que la terre entière) ne vive pas selon "sa" façon. Comment lui faire comprendre que lorsqu'on ne donne pas d'amour il ne faut pas s'étonner de n'en point recevoir ?

Anonyme a dit…

jeune infirmière je m'étonnais toujours de voir certaines personnes âgées de ne recevoir peu ou pas de visites ... l'expérience m'a appris plus tard que celles-ci n'avaient pas toujours été très tendres envers leurs proches , mais j'ai appris aussi qu'ils avaient eu aussi des parents toxiques ou pas , l'histoire n'est qu'un éternel recommencement, pas facile d'être vieux , jeunes , parents ....
Patience , Tolérance , Distance sont les mots qui me viennent à l'esprit en lisant votre billet

Anonyme a dit…

53 ans de chantage affectif...j'étais la mauvaise fille, que de douleurs, de non-dits, de patience mises à rude épreuve, de désamour, d'indifférence, de reproches...
Ma maman n'est plus là et j'en éprouve , j'ai honte de le dire, du soulagement.
jacqueline.

Anonyme a dit…

Pour moi aussi, le simple fait de se voir est un problème. Ma mère reçoit trés difficilement et en meme temps ne veut pas se déplacer. C'est la quadrature du cercle pour qu'on se voit, une montagne de problèmes. Elle se plaint d'etre seule. En fait, elle supporte assez bien ses enfants mais ne supporte absolument pas son gendre et sa belle fille. Elle ne connait que trés peu ces deux derniers petits enfants. La situation est culpabilisante mais je pense qu'elle a sa part de responsabilité dans ce cas. je ne pense pas qu'on se retrouve seul sans y avoir contribué un peu. Elle vit seule dans sa montagne pas loin de chez vous d'ailleurs, Ladywaterloo. Les gens sont "rudes",pudiques sur cette terre, vous avez du le voir. Ma mère a eu une mère trés peu aimante.Cela vient peut etre de là.J'ai peur de développer cette caractéristique...

Anne** a dit…

Il m'est impossible de parler de ma mère en un commentaire, même très long ! Je suis touchée par ce que je lis ici, des rapports difficiles de mères et de filles. J'avais été très émue, il y a quelques mois, par les mots d'Ileana, sur son blog, parlant de la fin de vie de sa mère, mots d'amour si fort qu'il doit accompagner toute la vie. Quelle richesse d'avoir connu cela.
Mes parents, bien sûr, ont eu eux mêmes des parents "difficiles". Mais il faut un jour, casser cette chaîne infernale. Jeune mère, j'ai eu peur aussi de n'avoir pas suffisamment aimé mes enfants, d'avoir reproduit inconsciemment ce que je ne voulais surtout pas. Nous en parlons ensemble. Et puis, mes enfants ne voient pas leurs grands-parents avec mes yeux, heureusement !
J'ai réussi l'exploit de n'avoir que des garçons : je crois que j'avais tellement peur d'aimer mal mes filles, que j'ai dû trier les spermatozoîdes ! Solution d'évitement un peu primaire, qui ne m'a sauvée de rien, bien sûr !

Sophie a dit…

Oh comme ton billet me touche, tu ne peux l'imaginer !
Je sais ce que c'est de penser qu'on est pas la fille idéale, de se culpabiliser sans fin, pour au final faire de l'eczéma (moi qui n'en a avait jamais fait de toute ma vie !) parce qu'on ne se parle plus depuis plus d'un an (sinon une carte pour la bonne année suivie d'une réponse conventionnelle comme ma mère pourrait en écrire à une vague relation !).
C'est mon homéopathe qui a éclairé ma lanterne et m'a expliqué la raison de cet eczéma exaspérant !
je compatis donc, ma chère Lady, mais je te conseille d'avoir le coeur et la conscience en paix : tu as prévenu ta mère bien à temps, laisse tes enfants se débrouiller à leur tour avec elle, sur ce point ton mari a bien raison !

Ladywaterloo a dit…

Ne pas être fille idéale, même acceptable est difficile à accepter, mais savoir qu'on s'est aussi loupé pour nos enfants, encore plus compliqué.


Je sais avoir été mère pas géniale. Au moins pour les aînés, je les aimais touts petits à mort, mais je fus quand même, trop exigeante, trop, trop, trop, pas assez, pas assez pas assez..

Je me dis à présent que le plus important est de savoir et accepter que l'on se plante que l'on aime, mal, mais que cela est normal, rester humble dans l'amour est peut être la martingale.

Francine a dit…

Avoir une mère géniale doit être un fardeau horriblement lourd à porter.

(avoir une mère vraiment pas géniale aussi d'ailleurs, mais ça on le sait)

Francine a dit…

OUPS !
Milady, je me rends compte que mon message pouvait être mal interprété. Quand je me réfère à des mères "pas géniales" je voulais dire des mères comme la mienne, qui peut être carrément odieuse. Évidemment, je ne faisais aucune référence à toi. Désolée de ma maladresse.

francoise a dit…

je vais remettre un commentaire, après tout, pourquoi pas... tout le monde se dévoile un peu ici à la suite de l'intense billet de Lady...
pendant 13 ans, les dernières années de ma mère, ont été idylliques, pas une parole de trop, par une dispute, pas une contrariété, pas une chamaillerie,pas une critique, pas cet air pincé désapprobateur etc etc
pour la bonne raison, que lorsque ma mère est morte, je ne l'avais pas revue depuis 13 ans...
Aucun remords, aucun regrets,
ce n'était que la troisième fois qu'elle me mettait à la porte, en me déshéritant... et là je n'étais pas revenue, mon père étant décédé...
aucune culpabilité.
aucun pardon.
tout s'estompe...

Clo a dit…

je me rend compte que j'ai eu de la chance de naître dans une famille où on ne pratique aucun chantage affectif (petite, à l'école j'étais vraiment perplexe devant les bouderies de filles par ex) ça ne veut pas dire que tout était rose et béni oui oui, mais je mesure ma chance d'avoir grandit dans une famille où une fille égale un gars depuis plusieurs générations (bien avant 68) et où la parole est libre (le verbe haut même ;-D)
Et pourtant, il a bien fallu "tuer le père" cesser de vouloir être la "bonne fille" ne pas toujours faire pour être "validée"... grandir en fait, ça n'est pas si facile et c'est une évolution qui est venue bien plus tard que la crise d'adolescence.
Je reconnais dans votre billet Lady, ainsi qu'au fil des commentaires, le chantage affectif auquel mon mari a été soumis par sa mère, et effectivement il faut essayer de s'en préserver...
On dirait que les fées ont eu la bonne idée de vous doter d'une belle et forte personnalité et que votre mari vous soutient et vous donne de bons conseils

Bénédicte a dit…

Lady, ce n'est pas vous qui avez déçu votre mère. C'est elle qui a une nature négative qui fait qu'elle est et sera toujours déçue. Et à mon avis, elle ne se plaint pas que de vous. Comme je l'ai déjà dit, heureusement que depuis que vous êtes petite, vous avez essayé de la fuir. Il faut s'entourer de bonnes et chouettes personnes pour être bien et éviter les autres. Quand on est enfant, c'est plus difficile à faire. Je suis d'accord avec votre mari, laissez vos enfants gérer les invitations. Ca me choque évidemment qu'elle invente des excuses (bidons) 6 mois à l'avance pour ne pas venir aux fêtes mais vous ne la changerai pas. Il vaut mieux prendre sa personnalité comme elle est et vraiment se dégager d'elle mentalement.