jeudi 5 janvier 2012

Mes sept ans! (la rupture n°1)

Maintenant, j'ai envie d'essayer de raconter les "failles" de mon enfance


En ce mois de janvier, où deux de mes frères se sont suicidés à dix ans d'intervalle, j'ai parfois l'humeur vagabonde pas rigolote, sauf qu’en fait maintenant j'aime vivre et veux vivre. 


Il faut décider de la première photo, j'ai choisi celle de mes sept ans, alors qu'en fait, j'ai des souvenirs datant de mes deux ans, je vivais dans des villes étranges, des situations difficiles, cela fixe les souvenirs.


  Mes sept ans, me paraissaient importants, on m'avait  tant dit de l' âge de raison et j'en avais déduit que j'aurais aussi le droit à mon image, enfin je ne pensais pas en ces termes, mais de pouvoir chosir un peu ce que je voulais être. Maman se plaignait toujours que je fus une enfant difficile, aimant ou n'aimant pas les superbes petites vêtements qu'elle confectionnait, mais n'ayant jamais l'idée, non de me consulter, elle le faisait mais de m'écouter, enfin de m'écouter vraiment. Un enfant s'impose rarement face à sa maman.


Pour mes sept ans, la journée allait être spéciale, j'aurais une tenue neuve, un cartable neuf et surement des  cadeaux dont je n'ai aucun souvenir, l'important pour moi, n'était plus là, mais dans la considération que mes parents, et maman surtout  qui réglait ma vie, me portait.

J'avais été consultée pour ces vêtements, tout ce que maman me proposait, m'horrifiait, moche jupe  en grosse toile blanche avec des dessins géométriques vert et marrons,  petite blouse passe partout qui me convenait, je me suis battue en vain, pour ne pas avoir cette forme "trapèze", je voulais une jupe qui tourne, en vain aussi pour éviter la double rangée de croquet marron et vert,  je n'aimais pas le marron et pas ce vert là, un vert un peu cru.

Maman m'avait assuré, "tu verras une fois terminé ce sera ravissant!"


J'ai du refouler mes larmes et faire semblant d'aimer. Je fus obligée de la porter pour la première fois le jour de mes sept ans, alors qu'un jeune appelé m'aidait à grimper dans le camion militaire ramassant tous les gosses du plateau à Yaoundé, les larmes coulaient sur mes joues, mon père et ma ma mère me regardaient monter, je ne me suis pas retournée, je ne devais pas les décevoir.

Il existe, chez maman, une photo, on y voit une jolie petite fille, les cheveux  courts "à la garçonne" habillée de façon très sixties, avec un sourire crispé. Je la récupérerai, un jour, ou pas.

Le jeune homme, quel âge avait il? dix huit ou vingt ans, me dit:


Qu'as tu petite, pourquoi pleures tu?


Parce que  c'est mon anniversaire, aujourd'hui  j'ai sept ans!


Mais c'est génial d'avoir sept ans, bon anniversaire! Qu'est ce qui ne va pas, tu devrais être heureuse!


C'est ma jupe, puis-je lui souffler en éclatant en sanglots


Elle a quoi ta jupe, elle est jolie!


Les gars ne comprennent jamais rien, cela ne m'étonnait pas j'avais déjà trois frères à la maison.


Elle est horrible, je la déteste maman m'a obligé à la porter, aujourd'hui!


Je suppose que ce très jeune militaire devait me trouver compliquée, ils géraient une situation insurrectionnelle dans le pays  et une petite fille pleurait car sa jupe était vilaine. Il me regarda de nouveau et me dit!!

Ca ne vaut pas le coup de pleurer, car si ta jupe est moche, toi tu es une jolie petite fille!


Il avait raison, d'ailleurs, j'étais une jolie petite fille et cela aussi m'aida à vivre, enfin à survivre.

Par la suite, je n'ai porté cette jupe que le moins possible, essayant de porter le même short tous les jours, en toile  bleu dur, je n'aimais guère les shorts, mais adorais cette couleur, j'ai prétexté que monter dans un camion en jupe était incommode et autre billeversée afin de ne pas peiner ma mère.









Aucun commentaire: