jeudi 31 mai 2012

Faire semblant sans trop de mines....

Il y aura un an, dimanche, le jour de la fête des mères, donc pas obligatoirement 365 jours, mais le symbole sera là, que ma vieille voisine est morte, dans son sommeil. La maison, depuis, après avoir été dans un premier temps l'objet de convoitises, de discordes aussi,  et cela fut dur pour tous, tout l'été   fut laissée endormie l’automne, à l'hiver les enfants l'ont vidée afin de ne pas payer la taxe d'habitation. Une des bru travaille "aux impôts". Au printemps j'attendais que la basse cour fut partagée,  avant d'enfin mettre en vente la ferme, le coq et ses poules habitent toujours la cour.


Des moutons entrent et sortent par le grand portail, dimanche dernier la tonte fut un temps des retrouvailles comme avant. Temps de réunion familiale festive, joies simples, oublier les soucis. Chaque jour chômé deux fils viennent y "faire" des choses mystérieuses pour moi le plus souvent, pour les lapins, les poules ou les moutons, ou bien encore pour le bois, qui chauffe ici toutes les habitations à la campagne ou presque.


Il y a une semaine j'ai demandé à ma jeune voisine pourquoi une basse cour habitait encore la ferme, l'obligeant à monter matin et soir s'en occuper, elle me dit que le partage fait, elle gardait cette basse cour là, dans cette cour, elle possède un vaste poulailler à moins de cent mètres, ses explications confuses sur l'efficacité des poules pour chasser la vermine  m'ont laissé un peu dubitative,  je n'osais trop dire, elle le vit, et n'insista pas, je compris son angoisse et n'insistais pas plus.

Pour qui passe devant la maison, volets ouverts, poules et coq dans la cour, tout semble vivre encore. Personne ne veut s'occuper de mettre en vente  la maison, l’aîné est chagriné et cela se voit, il devait penser que le cadet reprendrait la maison, le cadet ne peut pas, surtout sa femme ne veut pas, elle a peur de rentrer dans cette maison, maison de vieux, hantée des fantômes de sa belle famille. Les choses en  restent là, ils viennent remettre les tuiles tombées du toit lors du dernier grand coup de vent et si tous jurent vouloir se débarrasser de la ferme, personne ne veut s'en occuper.

Les parents seraient désolés de voir cet état de choses mais aussi consolés de voir qu'aucun de leurs enfants ne souhaite vraiment vendre la maison de leur famille à un étranger. Tout le monde  a toujours pensé que leur benjamin prendrait la relève, mais rien n'a été fait auparavant pour vraiment préparer la succession, et le temps doit un peu passer encore peut être beaucoup de temps, j'ai compris que l'esprit paysan ne vit pas au rythme de celui des gens de la ville, les choses peuvent rester ainsi, longtemps.



                                      Vieille maison de rêves,   Michel de Ruyck



5 commentaires:

francoise a dit…

je suis désolée, ils ont vendu la maison où je suis née,
et où ma mère était née...
ils m'ont demandé mon avis avant, je n'ai pas dit non, ne me sentant pas le droit d'intervenir...
lorsque je la vois, plus que rarement, j'ai le coeur qui s'agite...
ai-je des regrets ?
oui, quand on m'y fait repenser, comme le texte de Lady...

Martine a dit…

Moi, ma maison d'enfance fut balayée pour construire un hôtel des impôts!!! C'était une grande et belle maison de pierre.

Clo a dit…

c'est bien de laisser le temps... peut-être que cette latence va nettoyer l'air des ses hypothétiques vieilleries... peut-être qu'il lui faut juste du temps au cadet et à sa femme pour envisager la suite.
J'aime bien cette façon de laisser le poulailler et les bêtes sur place, c'est peu-être une manière de ne pas abandonner cette bâtisse, une façon d'accompagner votre ancienne voisine...

francoise a dit…

oui les poules nettoient les terrains des serpents et autres animaux très sympathiques
et puis ça caquête, ça caquête,

jacqueline a dit…

Personne ne veut vendre, personne ne veut y habiter...bon nombre de maisons meurent ainsi.
Mais la maison de ma grand-mère a été vendue et je l'ai revue longtemps après, ne pouvant pas me résoudre à y retourner...j'ai franchi le pas une boule dans la gorge, beaucoup de nostalgie et de regret.