mardi 19 juin 2012

Ils ont le Bac? Et après?


Préface, ce message est une suite au précédent, je ne sais comment faire un retour d'expérience pour aider sans paraître pontifiante et je vous en demande pardon. J'avais une amie, que j'aimais mais que je sentais toujours sur la réserve avec moi, elle avait tout, médecin travaillant, mari adorable,  de beaux enfants, une magnifique maison, et un jour en pleurs elle me dit: "Tu ne t'es jamais rendu compte, pénélope que tes gosses réussissent tous!" Je lui arguais alors Camille,, mais même Camille s'en sortait, finalement,  pas tous les siens. Ses enfants sont beaux, intelligents, bien élevés,  des jeunes vraiment super, tous ont été malmenés par le système éducatif (école+collège+lycée+études supérieures).


Sur mes sept enfants, six sont soit adultes soit étudiants, vous constaterez que je ne parle pas ici de majorité qui tombe sur des enfants franchement bien avant la maturité. Le bac en poche, (ou après  l'abandon de leur scolarité), mes jeunes marcottes ont du faire racines, loin de la famille, berceau rassurant. Ils ont tous survécu, bien entendu, mais je crois qu'ils ont tous laissé des plumes, ne serait ce qu'une ou  deux dans la difficulté de vivre seul.


L'année dernière, Valentin a eu son bac, j'avais très peur qu'il parte vivre au loin, je ne le sentais pas assez fort pour affronter la vie dans un petit studio.Nos jeunes étudiants doivent faire face, en partant étudier en fac (  prépas, écoles..) à plusieurs types de difficultés.

La première à laquelle les parents pensent reste de l'ordre matériel, ménage-course-cuisine-lessives, c'est effectivement une grosse difficulté pour eux et en tout état de cause une perte en confort de vie énorme. Un jeune étudiant mangera moins bien que chez lui, aura un cadre de vie plus spartiate dont l'entretien quotidien lui pèsera, je ne connais personne qui adore faire du ménage. Le manque de lave linge, lave-vaisselle... contribue à une perte de qualité de vie qu'ils ressentiront parfois crument le matin devant leur évier débordant de vaisselle sale et ne trouvant même plus un bol pour le café réconfortant.

La seconde grosse difficulté réside dans l'isolement qu'ils ressentiront, même si parler à leurs parents, frères et soeurs, voisines indiscrètes n'est pas toujours très réconfortant, l'isolement complet est terrible à un âge où parler à un voisin ou à une caissière, une  inconnue, leur parait une honte extrême. La perte simultanée de leurs bons copains,  est ressentie parfois comme un deuil, si votre enfant part avec un bon copain en colocation dès la première année la séparation se fera bien plus facilement.

L'environnement est aussi très important, un jeune habitué à vivre dans une grande maison haïra de devoir loger dans 14m2 dans un  immense immeuble noyé dans d'autres immenses immeubles, lui permettre de s'entourer de meubles et objets qu'il aime peut l'aider à compenser ce stress.

Deux mauvaises idées des parents, que je tente à tous les coups (N'est ce pas Guillaume?)

- Pas de télé, pas de connexion internet, tu pourras mieux travailler, sors dans un bar pour voir les matchs.
Sans réseau social les jeunes sont encore plus paumés, mettez les en prison tant qu'à faire. Ils ne peuvent, en général pas se passer ni  de leur téléphone portable ni de connexion internet.

- Tu devrais travailler quelques heures pour nous aider à boucler le budget.
Entre la fac, le boulot perso et le job, ce seront des zombies, ils laissent en général tomber un truc, voire tout. Patienter un an avant qu'ils puissent participer  à ces dépenses monstrueuses est nécessaire, sauf cas rare.

-Mets toi en coloc, même avec des inconnus, si ça ne marche pas, tu partiras!
Gérer les colocations est compliqué, les jeunes se mettent en coloc lorsqu'ils connaissent bien les copains, avant le risque est grand que les parents se retrouvent avec des jeunes soit à la rue soit à devoir payer, seuls, un loyer énorme.

-Prends plein d'activités, profites en, tennis, danse, escrime, théâtre, .. Tu te feras plus  vite des copains.
Un peu ça va, beaucoup, les jeunes risquent quand même de ne trouver plus de temps pour travailler.

L'équilibre travail-loisir dépendra uniquement de votre jeune, et il lui sera extrêmement difficile en perdant le cadre parental de savoir doser, certains travailleront beaucoup trop mais risqueront de craquer aussi nerveusement d'autres, plus souvent,  sous doseront les efforts à fournir.

On ne peut pas tout donner à nos enfants, même si on aimerait les meilleures conditions possibles, il faut rester réaliste et privilégier toujours ce qui est le plus important pour eux, Guillaume sans connexion internet aurait fait une déprime grave, un autre sans télé ne peut vivre...

Certains parents acceptent que leurs jeunes de 18ans se mettent en cohabitation avec leur amoureux(se),  cela réduit grandement le budget et offre, à priori un confort moral, à deux ils ne se sentiront pas seuls, personnellement je trouve que le risque est grand en cas de rupture de le voir s'effondrer complètement. Il devra affronter,  alors que leur égo vient de souffrir toutes les difficultés de l'apprentissage de la vie en solo.

Lorsque la fac n'est pas trop loin, il peut être préférable que le jeune fasse l'aller-retour tous les jours de cours, le temps passé dans les transports sera parfois moins pénible à supporter que l'exode dans une vie qu'ils ne sont pas prêts à affronter. En prenant le bus un jour pour aller à la campagne, j'ai vu que bien des étudiants bossaient dans le car, ces jeunes avaient trois heures d'aller-retours, chaque jour de cours, un covoiturage  régulier peut de plus en plus souvent se trouver, où se créer pour les jeunes possédant permis et voiture.


Parler avec ses enfants, essayer de déminer les problèmes, les envisager avec eux, tenter de trouver une solution ou avouer qu'il n'y en a pas dans l'immédiat, le fait simplement d'engager un vrai dialogue avec eux leur permet de sentir que nous  savons les difficultés.


Il n'y a aucun remède miracle, mais si vos enfants sont jeunes, vous pouvez les préparer,  même si, instits et profs vous le reprochent,  Une ancienne voisine, m'a dit, un jour, "Je croyais que tu étais trop exigeante avec tes gosses, que tu les faisais trop bosser si, j'avais su, j'aurais fait comme toi! " Mère et instit, elle avait choisi le concept éducation nationale, j'ai choisi de m'adapter au concept, mais  de devancer pour dépiéger les demandes futures. Foin  de méthode de "Sainte Anne" ou autre méthode suisse, oublier aussi  le trop plein d' activités qui privent nos enfants de rêves et de temps à ne rien faire,  style: piano, tennis, latin grec! Il faut vraiment faire des choix, le dessin ok, mais le dessin+ le théâtre +la natation+ le piano, pas possible,  il faut simplement un vrai  retour au simple bon sens, laisser du temps aux enfants pour souffler, tous les jours,  développer la mémoire et anticiper les exigences,  sans oublier ce qui faisait défaut autrefois: dialogue, amour, compréhension et accompagnement. Au final on gagne du temps, de l'argent, des cheveux blancs, et on a l'immense satisfaction d'avoir au mieux aider nos petits, d'avoir réussi notre mission sans trop avoir ramé et pouvoir contempler nos poussins  devenus des adultes bien dans leur peau et dans leur vie.


Tout cela est extrémément pontifiant, j'en suis désolée, il se trouve que j'ai pu déjouer des pièges de l'EN  grâce à mon histoire perso, éducation qui ne m'a pas permis de maîtriser l'écrit autant que je l'aurais dû, pas d'études au delà du bac car mes parents ne connaissaient pas le système et ne comprenaient pas l'importance de s'y adapter et en fait, s'en moquaient... Comme quoi, d'un mal peut survenir plein de biens, j'en ai retiré toutes les leçons et pour le moment, ça marche, et j'adorerais que tous nos enfants puissent réussir comme ils le devraient.


15 commentaires:

Mariannette a dit…

Je viens de lire avec attention...
wait and see me dis-je in petto, car je parle presque couramment anglais, enfin je connais cette expression,

Cet été, je l'installe dehors pour qu'il murisse
zut, il est très allergique, pourvu qu'il n'y ait pas de vent...
Pardon, je plaisante,
pour ne pas m'attendrir sur un sort que beaucoup connaisse...
la voisine, 1 an de plus, est restée inoccupée 1 an
j'ai peur que ce soit ce qui l'attend ici, notre adulescent...
si oui, faudra t il le diriger vers le CNED
merci d'un conseil...

Mariannette a dit…

beaucoup connaissent
pan sur les doigts !!!!

Guillaume a dit…

Plutôt que de rester 1 an inoccupée j'ai deux alternatives :

- partir à l'autre bout du monde et vivre de petits boulots (dans un pays anglophone, ça peut être un voisin européen de type GB ou Irlande, le bout du monde c'est peut-être un peu too muchh)

- chercher un stage dans une boite qui le branche (user pour cela du réseau, en parler autour de soi à ses proches et ses voisins peut vraiment aider). Je suis même prêt à donner un coup de main dans la rédaction des CV et lettre de motiv' voir leur diffusion s'il le faut.

C'est pas miraculeux ce que je propose, mais ça à la mérite d'occuper et de faire murir votre jeune pousse ...

Mariannette a dit…

Merci Guillaume....

Martine a dit…

Je pense qu'aller dans un pays étranger où l'idéal serait de trouver un boulot serait formidable. Loin des parents, il faudrait qu'il comprenne qu'on ne peut se laisser aller à ne rien faire. je ne crois pas au cned.
As-tu pensé à essayer de l'inscrire en iut (à condition de savoir ce qu'il aime évidemment. Lui qui a fait deux années d'histoire, aimerait-il faire de la restauration d'art? Tiens, ça, c'est une idée. pour lui faire la main, tu cherches à l'étranger des chantiers de restauration en patrimoine. Je suis sûre que tu peux trouver qqchose où il serait logé et nourri, donc qui ne coûterait pas trop. Réfléchis à ça. Il toucherait au monde du travail et apprendrait une langue étrangère. Au bout d'un an, il aurait peut-être les idées plus claires.

Mariannette a dit…

Martine,
il faut comprendre qu'il ne veut pas que je m'occupe de lui chercher qq
chose
il veut décider tout seul
il est majeur quoi !
la personne de la mission locale m'a dit de le laisser faire...
pan et à la niche, la vieille mère inquiète
il est très bien à la maison à ne pas faire grand chose
il n'a pas fait deux ans d'histoire, il n'a rien fait...
Je prends le maquis, car on va me reconnaître

Francine a dit…

C'est très bien de décider tout seul, c'est bien aussi de comprendre qu'il n'est pas possible de dépendre financièrement de ses parents si on ne va pas à l'université.Si un jeune ne veut pas étudier sérieusement, il peut travailler jusqu'à ce qu'il trouve ce qu'il veut faire, cela lui fera le plus grand bien.

Camille a dit…

Je suis d'accord avec Francine, il ne veut rien faire? alors au boulot!
et l'indépendance financière lui fera regretter le cocon familial!

« Si tu es capable de commencer, tout va bien. Le carburant viendra en son temps »
ERNEST HEMINGWAY

Alice a dit…

Perso, et pour avoir été très fragile à certaines périodes, je déconseille le voyage à l'étranger, sauf s'il peut être accueilli par de la famille ou des amis.

Je suis restée quelques mois à ne rien faire... on en revient. Mon mari, lui, a passé plusieurs années à ne pas aller en fac. Puis après de petits boulots il a décidé de trouver un vrai travail dans la fonction publique.

Et comme il s'ennuyait, les concours internes l'ont ramené aux études qu'il refusait.

Patience donc... et exigez une autonomie financière!

Ladywaterloo a dit…

Je rejoins Alice et Camille, donc les deux plus vieux de mes enfants qui sont intervenus. L'étranger seul, s'il est plutôt pas très bien dans sa peau risque d'être trop dur, le faire rapatrier après s'il ne va pas bien difficile.

Les petits jobs sont une bonne solution, boulots pas toujours gratifiants mais qui mettent le jeune dans la "vraie vie".

S'il a des passions, que ce soit du foot ou de la musique, l'inciter aussi à intégrer des clubs, au travers d'une activité qu'il aime il peut regagner de la confiance perdue. Le pire est l'inertie.

Il faisait de l'histoire géo, pour faire quoi? prof?

La personne de la mission locale n'est pas obligatoirement la mieux placée pour conseiller, elle ne connait pas ton fils et de plus n'a pas eu forcément le problème dans son entourage familial immédiat, on change de regard,sinon..

Anne** a dit…

Si tu sens ton fils fragile, partir à l'étranger est peut-être risqué. Mais on peut viser l'indépendance financière sans être très loin de ses bases. Un garçon qui gagne sa vie aura, en principe, vite envie d'un logement à lui, et de vivre en dehors du regard permanent de ses parents.
Sauf s'il est logé, nourri, blanchi gratuitement chez ses parents et cherche à profiter de la situation financière. Mais il est possible aussi, souhaitable probablement, de demander une participation financière à un adulte qui travaille et habite chez ses parents.
Il faut surtout dire à nos enfants, que nous les aimons. Que les "pousser" doucement vers l'autonomie, ce n'est jamais les rejeter. Qu'en cas de coup dur, ils peuvent toujours compter sur nous.

Camille a dit…

Anne** a dit...

"Un garçon qui gagne sa vie aura, en principe, vite envie d'un logement à lui, et de vivre en dehors du regard permanent de ses parents."
il faut le pousser dehors dès sa première paie encaisser!
"Sauf s'il est logé, nourri, blanchi gratuitement chez ses parents et cherche à profiter de la situation financière. Mais il est possible aussi, souhaitable probablement, de demander une participation financière à un adulte qui travaille et habite chez ses parents."
le fait de demander de l'argent à ses enfants n'est pas la bonne solution pour moi, mes parents auraient fait cela, j'aurais doucement rigolé en disant "oui, bien sur, pas de problème" et je serais encore en train d’attendre l'huissier qui me réclamerait les loyers dû...

Francine a dit…

Les parents ne vont pas envoyer l'huissier, mais c'est quand même normal de participer aux frais de la maison, soit en donnant de l'argent soit (et c'est ce qui me semble le mieux)en faisant les courses, le ménage etc, comme on le ferait dans une colocation. C'est un minimum de respect dû à des parents qui apportent le gîte et le couvert. Sinon, les parents peuvent se rebeller et faire la grève !

Anne** a dit…

Je suis probablement vieux jeu, mais franchement, je ne vois pas qu'un jeune adulte désire profondément vivre chez ses parents. Si c'est le cas, les parents, il me semble, doivent chercher le problème ...
Je ne dis pas que c'est facile, de vivre de façon autonome, d'assumer le quotidien, la solitude parfois. mais n'est-ce pas un passage obligé ? on peut vivre en colocation, certains adultes adoptent à long terme ce mode de vie. On a aujourd'hui plein de possibilités pour vivre, sans rester chez ses parents !
Quand il n'est pas possible de faire autrement, je pense qu'il faut participer d'une quelconque manière, à la vie de la maison, comme le dit Francine.
Loin de moi l'idée de pousser dehors un enfant dès son premier salaire touché ! Mais en parler avec lui, accompagner sa décision. Je suis sûre qu'il y a plein de mères qui "empêchent" consciemment ou non, leurs enfants de quitter la maison. Je parle des mères, peut-être des pères également, mais ça me semble être un problème de mère principalement, d'accepter de voir ses enfants partir, la maison se vider. Réorganiser sa propre existence autrement qu'autour des enfants qui apportent, c'est indéniable, plein de vie, d'air extérieur, de remises en question.
Guillaume, Hubert, Valentin pourraient d'ailleurs demander à leurs parents une indemnité conséquente pour toute la joyeuse ambiance qu'ils maintiennent autour d'eux dans les résidences parentales. Idée à creuser, non ?

mariannette a dit…

Merci des messages,
le problème aussi c'est que le travail, ne court pas les rues
il a un job en août
je vois que le sujet est brûlant
surtout aujourd'hui
j'ai eu chaud toute la journée à Cle-fd
et dans le train