jeudi 14 février 2013

Deuxième jour de carême.

Aujourd'hui, j'ai spirituellement craqué, je suis allée chercher dans mes souvenirs, la chaleur des sectes de l'Eglise que j'ai côtoyé au fil du temps:  Béatitudes, Chemin Néo Catécuminal, Opus Dei,  avec des incursions ici ou là dans d'autres mouvements, j'ai presque fait le tour de la palette des possibles, j'ai adoré le cocon de ces sectes. J'ai adoré la liberté des Béatitudes, sa folie des prières en langues, ai été séduite par la chaleur sud américaine del Camino, et ai dans un sursaut de maturité et de dépouillement  recherché l'exigence intellectuelle de l'Oeuvre, après m'être réfugié un instant,  dans l'apparente pureté de Saint Jean.

Mille et une sectes dans l’Église m'ouvraient leurs portes, je souhaitais fuir le cocon si terne et si désespérément attendu des paroisses ordinaires,  j'ai consommé les sectes comme on essaie des "régimes ",  cherchant à me consoler de la tiédeur si paralysante des Eglises paroissiales.

J'ai tant aimé participer à des messes "privées", faire partie de communautés secrètes, un peu comme les chrétiens ont dû le faire dans les premiers temps. J'ai exploré ma foi en faisant appel à mes sens, et sentiments, par ordre chronologique,  mon émotivité, mon imaginaire et mon intellect. Je cherchais autre chose, simplement, plus d'exigence peut être aussi apparemment, je cherchais à fuir aussi la monotonie angoissante de la vie. A Paris j'ai fait partie du Chemin, hébergé à l'époque par la paroisse de Saint Honoré d'Eylau. Nous cherchions alors de la catéchèse pour adultes qu'ils proposaient, en paroisse, publicité "trompeuse", mais expérience intéressante,  que nous renouvelâmes plusieurs années plus tard, en étudiant l'Evangile selon Saint Jean avec un "petit gris".

Comme tous les américains et tant de gens j'ai cherché autre chose que la froideur trouvée dans ces églises ancestrales, je suis partie à chaque fois,  ma Foi, intacte, la Foi ne meure pas, et j' ai gardé des souvenirs merveilleux.

J'ai quitté le Chemin avec ses  messes à l’ambiance sud américaine, où cadres supérieurs, et SDF faisait partie véritablement d'une vraie communauté, chrétienne, retour aux racines. De toutes les sectes c'est la seule que j'ai quitté avec regrets, enfin avec quelques regrets, la chaleur et la beauté des Eucharisties est impossible à expliquer sans les affadir.





                 A l'époque, les messes du Chemin étaient privées, on ne pouvait y assister qu'invité par le berger. 

Au Chemin, les messes étaient  préparées comme de véritables fêtes, fleurs, nappes blanches, pains sans levain fait par l'une ou l'autre d'entre nous, Vin d'Isarel, sucré comme du porto, liturgies merveilleuses, chants exceptionnels. Chaque messe étaient suivies d'agapes, prises en commun, moment où toute la communauté se retrouvait, sans exception, ces communautés sont sans secteur géographique, ni social, ni d'âge.. Donc très attirantes.


                                              Eucharistie, au Chemin (qualité médiocre de l'enregistrement, autorisé?)

J'ai, peu de temps, adoré les béatitudes pour leurs folies de prière en "langues" et sans pudeur aucune,  leur approche très physique de la foi, je me suis lassée très vite d'eux, ils étaient trop naïfs, désespérément. Mon intellect souffrait beaucoup dans leur refus de la vraie vie et leur mysticisme pour la mouche qui se pose sur un livre ou le vent qui souffle et brouille un micro! Le régime de Sainte Hildegarde et les prières à Saint Machin pour le moindre truc me rappelaient la foi du moyen âge, j'hésitais, souvent, entre  fou rire et  colère.


L'Oeuvre fut pour moi, la  dernière séduction du diable, secte la plus moderne et intelligente qui soit, j'ai suivi avec passion leurs recollections, j'ai aimé leur exigence spirituelle accompagnée d'un confort matériel, puis,  j'ai haï leur confort matériel et leur sélection, pas naturelle, des talents, réduisant aux rôles subalternes les gens considérés comme moins "intéressants. Au début, leurs exigences intellectuelles et spirituelles plus élevées selon vos capacités semblaient compenser le mépris pour les " moins doués", j'ai assez vite trouvé que cela m'éloignait du Christ, j'ai toujours néanmoins,  regretté la qualité fabuleuse de leur enseignement spirituel.

Depuis je me suis éloignée peu à peu de l'Eglise, en espérant un impossible Vatican III.





11 commentaires:

Bretonne a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Clo a dit…

Ah oui ! Merci pour ce reportage ! Sur le chemin de l'Athéisme je me suis vue à deux doigts de succomber aux charmes de la communauté de L'Emmanuel... Mais finalement en préparant une éventuelle communion pour l'un des enfants, ils m'ont amenés à me poser les bonnes questions et m'ont ouvert les yeux et le chemin de la raison ;-D
Ouf, ça va carrément mieux maintenant. Mais à vous lire, je me demande dans laquelle de ces sectes, un neveu qu'on adore s'est laissé embarquer et avec femme et enfants coupe les liens avec ses parents, sa fratrie et le reste de sa famille...
L'Amour prêché cache parfois de sacrés désastres...

Ladywaterloo a dit…

@ Clo, renseignes toi et je te dirai de quoi il s'agit, il y a des communautés soft!

Clo a dit…

Bah, ça n'est plus possible, on ne les voit presque plus, ne comprenant vraiment pas ce qui a pu déclencher cette rupture, et devant la contradiction de leur foi illuminée et le "mal" qu'ils font finalement à leur plus proche famille on est plusieurs à penser à l'effet secte...
Et oui, je n'en doute pas, heureusement, il y a des communautés softs qui apportent à leur membres sans faire de dégats autour ;-)

francoise a dit…

et moi la JEC et la MRJC
ça compte pas ????

Anne** a dit…

Non, Françoise, ça ne compte pas.
Je ne savais pas que les communautés Emmanuel étaient considérées comme des sectes ?

Clo a dit…

Non, Anne*** ça n'est pas ce que je voulait dire, j'ai juste senti que pour moi c'était tout (genre Charismatique et un peu exalté) ou rien... j'ai été surprise par ce contraste ;-D

Ladywaterloo a dit…

Je n'ai jamais entendu parler de déviances pour l'Emmanuel et Taizé, il y a surement d'autres nouvelles communautés sans problème.

Anne** a dit…

Il y a des déviances possibles partout ! Dans les communautés charismatiques plus qu'ailleurs puisqu'elles attirent des personnes peut-être plus "fragiles" affectivement, ou en recherche d'une expression différente de la foi. Il est bien évident qu'il n'y a pas de "déviance" à Taizé. Cela dit, les personnes, jeunes souvent, qui fréquentent ce lieu, auront tendance à rechercher des communautés un peu différentes des communautés classiques que sont les églises actuellement. Les paroisses sont souvent désespérantes dans leur pauvreté de partage et d'éveil à l'intelligence de la foi. Lorsque des jeunes se dirigent vers des communautés qui ressemblent à des sectes, je me sens un peu responsable : j'ai si souvent moi aussi envie de m'enfuir de ma communauté. Je ne mets pas toute mon énergie au service d'une plus grande ouverture et fraternité, je baisse les bras, me contentant de crtiquer, bien souvent ....

Ladywaterloo a dit…

Lorsque je parle de déviances, je parle de déviances graves théologiques et/ou criminelles.

Les unadfi et la mivilude nous aident à comprendre ce qu'est une secte et si telle ou telle communauté est sectaire, voire si elle est déjà fichée et pourquoi.

Ladywaterloo a dit…

Je complète aussi peu à peu ce que j'ai dit, plusieurs choses m'ont fortement angoissée sous le pontificat de BXVI, il a ouvert, par exemple une formation d'exorcistes confiée aux légionnaires du Christ

http://www.ccmm.asso.fr/spip.php?article605

Alors que tous les "initiés" dont le pape savait, à l'époque, que Marcel Macial , fondateur des LDC, était pédophile, père de plusieurs enfants qu'il avait violé, et autres ignominies, était un fou, un véritable fou.

http://www.lavie.fr/hebdo/2010/3376/l-incroyable-saga-de-marcial-maciel-le-padre-qui-bernait-les-papes-11-05-2010-6304_127.php

Les méthodes de ce prétendu prêtre était aussi mauvaises que sa vie:


« Tout reposait sur la séduction spirituelle. L’une des techniques passait par les courriers que nous devions envoyer chaque mois à Maciel, quand nous étions au noviciat, pour lui ouvrir notre cœur. Plus tard, on recevait une longue lettre sur du beau papier, signée de Maciel. On nous encourageait à la lire devant le Saint-Sacrement. J’ai été flatté de recevoir plusieurs lettres me répondant sur les points que j’avais abordés. C’était très valorisant de savoir que le fondateur prenait la peine de m’écrire aussi personnellement. Par la suite, j’ai su qu’une batterie de scribes écrivaient à sa place. Le problème est que j’ai confié des choses très intimes, qui étaient lues par un inconnu. "


http://www.lavie.fr/hebdo/2010/3376/bernard-ancien-seminariste-legionnaire-la-legion-a-piege-des-gens-avides-de-saintete-11-05-2010-6297_127.php

Parmi bien des choses, cela fut pour moi, une marque de la fin de l'espoir.