mardi 9 avril 2013

Mon ado ne travaille pas que faire?

 A priori l'immense majorité des ados n'a pas vraiment envie de bosser à l'école,  leur manque d'investissement  vient du  manque d’intérêt , voire, de l’incompréhension totale du monde scolaire.

Je me suis un  peu, beaucoup, passionnément plantée avec mes aînés, j'ai tâtonné, comme tous les parents. Charlotte a été si facile à élever, Yann nettement moins et Camille pas du tout, quand à Alice si facile jusqu'à 17 ans, bac en poche, elle fit une superbe arabesque dont elle s'est, heureusement,  merveilleusement sortie.   Depuis je suis aguerrie, mes trois derniers gars ont bénéficié de l'expérience passée cela n'a pas évité ennuis, embûches mais j'arrive mieux  à y faire face.

Lorsqu'on me dit

Mon ado ne travaille pas que faire?

J'ai envie de répondre tout de suite

Votre ado est normal, je suis toujours inquiète lorsque j'entends des parents parler de leur  Louis, 13 ans, en troisième au lycée Henri IV, qui adore le grec et le latin , collectionne les premières places et se désole à la perspective de ne pas pouvoir prendre le chinois en troisième langue vivante en S...

J'imagine l'endive sous serre, solitaire, sans copain, pénible pour tous les autres,  un gamin qui pense que plaire à ses parents  le rendra éternellement heureux. A  un moment ou à un autre cet équilibre cassera, mieux vaut tôt que tard, j'ai vu beaucoup de jeunes s'effondrer, certains  après leur bac,  d'autres à la fin de leurs études, car ils n' avaient pas pris le temps de souffler de se connaitre et de vivre, enfin ,  pour eux, pas pour plaire à leurs parents.

Heureusement dans la plus part des cas, les parents de Louis sont des mythos et leur gamin bosse pas mal mais pas autant qu'ils le disent et  surtout  il travaille mieux depuis qu'ils ont mis  en place une stratégie gagnante-gagnante.

Dans de rares cas, les parents ont eu l'immense chance d'avoir tiré un bon numéro à la loterie, leur jeune  cartonne à l'école depuis toujours, sans effort particulier, de la chance pour ces parents et surtout pour ces enfants.  La plus part  des enfants et donc des  parents doivent  faire face à une scolarité pas aussi heureuse qu'ils aimeraient et élaborent alors différentes  stratégies afin de parvenir à atteindre leurs objectifs.

La stratégie gagnante-gagnante  est la seule qui me paraisse viable à terme, la contrainte reste plus difficile à mettre en place et le jeune coincé peut se servir de son échec comme mesure de rétorsion, il y laisse des plumes, certes mais il  se venge aussi de vous en vous infligeant son échec, mettant ainsi en évidence votre échec, vos méthodes éducatives.  Un contrat de confiance ne  dure généralement  guère les enfants ne peuvent pas se projeter à plus de quelques mois et même  souvent le faire à plus de trois heures  leur est difficile, ils se mettent d'ailleurs,  à travailler "tout à l'heure" .

Un jeune "normal"  ne pourra travailler de façon correcte que si il est relativement bien dans sa peau,  bien dans sa famille et bien dans son collège. Notre travail de parents est d'analyser la situation  mais surtout d'en discuter avec lui, il existe très peu d'enfants  heureux d'avoir des résultats scolaires  médiocres voire mauvais. Ces enfants en général évoluent dans un groupe de cancres et s'ils perdent leur statut de cancre ils perdront aussi leurs copains, ou alors ce sont de vrais rebelles, allergiques au système scolaire, cela existe mais ils sont rares.

Alice a mis en place pour Victoria un conseil de famille, où chacun exprime ses souhaits et désitératas, Victoria (tout juste quatre ans) après la naissance de son petit frère souffrait de se sentir moins au coeur de la vie familiale, elle a demandé et obtenu  de dîner une fois par semaine avec ses parents, d'avoir un temps (20mn?) tous les soirs seule avec son papa et  un plateau repas devant la télé  chaque vendredi soir, en échange elle fait des efforts pour être plus silencieuse et devenir plus autonome.

J'ai employé bien des moyens pour faire travailler mes garçons, jusqu'à payer ses  bonnes notes à Hubert (cela a duré deux trimestres où ses résultats sont remontés en flèche, évitant cours particuliers et redoublement, Hubert ayant honte y a renoncé de lui même, il était alors en cinquième ou quatrième). Cours particuliers, promesse de récompense, qu'il faut tenir, travail surveillé à la maison, mise en place d'emploi du temps, d' objectifs chiffrés réalistes...

Pour les langues vivantes,  j'ai incité mes gars à regarder des vidéos en VO, sous titrées d'abord en français puis dans la langue, et même leur ai  demandé de jouer en ligne avec des étrangers, je crois avoir explorer beaucoup des possibles.


Une partie de l'enjeu est de faire comprendre à notre enfant à quel point on se fait du souci pour lui et à quel point on est prêt à s'investir voire à sacrifier de notre temps et de notre propre confort pour qu'il puisse réussir et s'épanouir.

Un ado est rarement bien dans sa peau, la moindre chose qui ne lui convient pas le dévalorisera à ses propres yeux. Ainsi si tous ses copains ont une console de jeux et lui pas, il se sentira frustré et "dégoûté" il jouera le plus possible dès qu'il sera chez des heureux propriétaires, idem pour le téléphone, l'ordinateur..

Les jeunes veulent être "comme" les autres, tout au moins autant qu'ils estiment pouvoir l'être, ils sont généralement conscients des réalités économiques de leur famille et en discutant avec eux on peut établir des priorités.  Leurs vêtements doivent  être similaires peu ou prou à ceux de leurs potes mais à priori sans frustration intense ils ne focalisent pas sur des marques ( sauf si dans leur collège c'est une habitude!).

L'emploi du temps des ados doit leur permettre d'avoir du temps pour ne rien faire, plus votre jeune cumule d'activités; scoutisme, natation, cours de théâtre  et je ne sais quoi,   moins il aura de temps libre et il sacrifiera  alors parfois allègrement son travail personnel, d'autant plus facilement qu'il en retire moins de satisfactions.  Pour améliorer des résultats ou simplement changer de rythme de travail (collège/lycée) il lui faudra peut être faire des choix, mais ces choix doivent être fait en concertation avec lui,  supprimer d'office le théâtre car vous préférez qu'il continue à faire du scoutisme , ou l'inverse, peut être cruel, vécu comme une injustice, rendant cette mesure du coup inefficace.


L'égo de nos jeunes est souvent fragile, leur confiance en eux ébranlée, ils ont besoin de notre réassurance afin de retrouver du courage, insister sur les réussites plus que sur les échecs, une fois les leçons des échecs tirées et une stratégie de travail mise en place. Il faut vraiment dissocier la personne de ce qu'elle fait, votre enfant travaille peut être mal, mais  la valeur de son travail ne reflète pas sa propre valeur.

Tous les enfants ont du talent, mais tous les enfants n'ont pas les mêmes talents,  analyser ses points forts et ses points faibles permet de l'orienter au mieux. Pour cela il convient d'oublier nos pré acquis et rester pragmatique, les possibilités d'études sont nombreuses, les orientations aussi, il faut étudier attentivement  ce qui existe mais ne pas  fantasmer non plus sur la réalité des choses. La tendance actuellement dans les lycées est de supprimer les redoublements et d'orienter les enfants,  en dehors des circuits classiques, bonne chose ou pas, cela dépend de ce dont rêve  votre enfant et de ses possibilités.

Il  n'y a pas de meilleur lycée miraculeux  mais de plus ou moins  bons lycées, plus ou moins bien adaptés à nos enfants. Je  me souviens assez de ce que j'éprouvais ado, j'ai détesté être couvée dans de petites structures et  me suis épanouie dans de grands lycées,  l'inverse peut être vrai. Ecoles privées, lycées publics, structures donnant plus ou moins de libertés aux enfants, tout compte. Je surveille aussi la fréquentation des écoles de mes enfants, il est crucial que nos enfants puissent  y trouver facilement des copains, les mettre dans un collège privé de bourges coincés s'il est plutôt  rebelle est un mauvais calcul,  plonger une petite fille sage dans un lycée de quartier aussi!

Les temps de trajet  trop importants sont parfois ingérables pour les jeunes, partis tôt rentrés tard, ils auront moins de courage pour leur travail personnel et accumuleront de la fatigue.  Il n'y a que rarement des solutions idéales mais juste des compromis, pour cela comme pour le reste les  possibles doivent être envisagés avec lui.

En éducation,  il n'y a rien de figé, c'est à chaque famille avec son potentiel, son histoire, ses possibilités et ses priorités éducatives de chercher avec ses enfants les solutions personnelles qui leur sont le mieux adaptées.

 Le seul vrai truc dont je suis certaine à 100%  reste que la chose la plus importante, est, quoi qu'il arrive, de   dire à son enfant qu'on l'aime et que l'on est certain qu'il réussira sa vie, qu'il a des qualités et que ces qualités lui permettront de réussir.





10 commentaires:

iris a dit…

votre article est vraiment interessant. J'y retrouve quelques idées qui peuvent concerner mon fils comme l'influence de ses pairs: je ne sais pas si vous avez rencontré ce cas mais dans une classe, un éléve peut se "restreindre" pour ne pas être trop bon élève car c'est mal vu. je crois que mon fils subi une mauvaise influence de la part de ses copains qui vont partir l'année prochaine en professionel. il faut qu'il arrive à tenir jusqu'en 3eme, aprés en seconde il va changer de milieu. On l'encourage en lui parlant de son orientation. On a vu son professeur principal pour parler de celle ci. Mon fils ne veut pas d'etudes strictement theoriques (contrairement à ses ainés) mais faire un bon bac pro.
Pour cela il lui faut un bon dossier. Mais c'est sur que la 4 eme est une année difficile à cause de leur entrée dans l'adolescence.
Concernant son orientation on lui a montré suite à la reception du bulletin, les deux matières qu'ils faut qu'il bosse (math, physique). Je l'encadre pour celles ci, pour le reste je lui laisse gerer.
Un trimestre à tenir... Mais j'ai remarqué qu'il a une sorte d'aversion au travail, ça le rend nerveux, de mauvaise humeur(il compte bcp sur un bac pro pour les manipualtions techniques, manuelles).
Pourtant il a trés peu de travail à la maison. Il faut dire qu'ici, les prof n'exigent rien des enfants, c'est un peu la démission alors ça passe mal quand c'est le parent qui exige car au final ce n'est pas son role, ce que saisit trés bien l'enfant.

iris a dit…

"Cours particuliers, promesse de récompense, qu'il faut tenir, travail surveillé à la maison, mise en place d'emploi du temps, d' objectifs chiffrés réalistes..."

je reviens sur ce passage.
Je crois qu'à l'age de treize quatorze ans, on est un peu obligé d'utliser cette methode car quand l'enfant est "un peu" récalcitrant, le laisser seul gerer (malgré qu'il le réclame) c'est un peu périlleux. Du moins c'est la question que je me pose. L'opportunité et le degré d'interventionnisme?
Chaque enfant est different: j'ai eu deux de mes enfants qui reussissaient seuls et bien, une autre completement opposée à l'autorité qui m'en a fait baver...et celui là, pouvant avoir d'excellent resultats mais se contentant de la moyenne.

Ladywaterloo a dit…

Attention de vérifier que sa volonté de suivre une filière pro ne cache pas l'espoir qu'il y aura moins de travail, c'est souvent faux.

Dès la seconde il peut demander des options qui n'existaient pas autrefois (mon dernier adore SI)

Lui souligner que plus il avancera dans ses études moins il aura des matières qu'il n'aime pas(fin du collège plus de dessin de musique, par ex)

J'ai, bien sûr, utilisé toutes les méthodes et même jusqu'en première pour l'élaboration avec un de mes fils d'un planning puis la surveillance "ccol"que ce planning soit respecté (mais j'avais modéré son enthousiasme du départ à quelque chose de plus réaliste)

Si tu dialogues avec ton fils et que tu réussis à lui faire entendre tes craintes et à lui faire exprimer ses souhaits, une partie du travail est accompli

La carotte à court terme peut être très utile, argent de poche, vêtement qu'il aime,sortie... Ce n'est pas dans mes idéaux éducatifs mais pour mes enfants, ça a marché.

francoise a dit…

tu as écrit ce texte pour nous ???
Enfin, ça me plait de le croire,
je n'ai jamais promis de récompense, j'ai peut être eu tort,
bon on va voir
une quatrième première année ???
OU
bref !

Martine a dit…

Françoise, mon dernier fils a fait trois ans de fac pour rien sinon le droit enfin de rentrer en IUT (qui lui avait été refusé après le bac car il avait un bac ES et non S!!!). Tu vois, il a fini par y arriver et maintenant il est ingénieur. Je suis sûre que les études en alternance sont géniales pour tous les jeunes qui ont du mal à se concentrer uniquement sur du théorique. En tous cas, c'est comme ça qu'il s'en est sorti.

francoise a dit…

en alternance avec quoi ????
Des jeux vidéo ????

Martine a dit…

Entre autres c'est sûr, mais heureusement pas que celà, non avec un vrai boulot dans une entreprise de logiciels informatiques

Chris a dit…

Très intéressant cet article, merci de ton expérience.
Je rejoints tout à fait Iris, le mien également (en 3ème) se restreint pour se fondre dans le moule ! et effectivement les profs baissent les bras, ne les supportent plus et à défaut de prendre des mesures pour les plus difficiles et remuants, cassent les autres alors que ce sont les quelques élements encore 'moteurs' qu'ils leur restent. Et c'est à nous parents de ramasser les morceaux.
Pour l'an prochain nous le changeons de d'établissement, impossible pour nous d'envisager de le laisser dans le lycée dont nous dépendons, nous l'avons scolarisé avec son accord dans un établissement d'une ville voisine.
Changement d'environnement, j'espère qu'il retrouvera un peu de motivation.
Allé bon courage à toutes et à tous.

Ladywaterloo a dit…

Merci Chris

@françoise, les jeux vidéos lui permettent d'échapper à cette vie qu'il n'aime pas, il faut chercher et trouver un vrai projet pro qui lui plaise vraiment, pas forcément avec études (agent immobilier/assurance/restauration/artisans, tous les artisans manquent de bras à la campagne niveau de vie et qualité de vie sympa)

margo a dit…

Pour rejoindre la réaction de Martine c'est vrai que l'alternance c'est sympa, sur le papier. Car le plus dur reste à trouver un employeur. Pour le métier d'ingénieur je ne sais pas mais dans les professions du BTP, du chauffage, de la climatisation... c'est quasi impossible tant il y a de demandes d'élèves et pas assez d'employeurs potentiels. Mon mari, employeur, a environ 2 demandes par jour... même sympa il ne peut prendre tout le monde.
Ma fille aînée adoptée à 15 ans et d'un très faible niveau scolaire car ne parlant et n'écrivant pas le français à son arrivée (je vous rassure elle le parle aussi bien que vous et moi dix ans après) n'a réussi à passer un diplôme qu'avec la VAE car aucun employeur pour le diplôme qu'elle visait et pour lequel elle avait déjà plusieurs années d'expérience pro. C'était désespérant et pourtant il n'y avait aucune autre possibilité car ce diplôme ne se prépare pas autrement (métier du social) et les embauches sont pourtant très nombreuses une fois diplômé. Il n'y a souvent pas d'adéquation entre la formation scolaire et l'emploi, faute de partenariat.