dimanche 14 juillet 2013

Ils avaient parié

Ils avaient parié que je pleurerais à chaude larmes et gros sanglots au départ de Guillaume. Guillaume part dans moins de quinze jours pour les Indes et à priori je ne le reverrai pas avant son départ.

J'avais blindé mon coeur. Je ne savais pas ce pari, et en fus un peu surprise, allons ne savaient ils pas, que j'aimais mes enfants au delà de cette sensiblerie?

Alice remarquait cependant mon air affecté après le départ de la voiture, mais quoi? Allais je sauter de joie? Quand reverrais je mon fils? Avions nous bien fait de l'encourager à prendre ce job aux fins fonds de n'importe quoi?

Mon coeur se serrait et mon esprit s'alarmait, je savais cependant qu'en France les lendemains sont gris, tant de mères ont vécu ce que je vis, et je fais partie de l'infime minorité des mères qui voient leurs fils partir dans des conditions royales, pourquoi pleurer?

J'ai ravalé mes larmes, les yeux rouges, mais ai réfléchi:

Martin est parti aux US, l'an dernier, Amaury en Corée,  Daniel a vécu à Londres et Guillemine en Australie, de l'ancienne bande, au final, tous sont partis, pour étudier ou pour un premier job.

La France de demain, part, assez souvent pour quelques temps, car trop de jeunes aujourd'hui en France  naviguent de CDD en pas grand chose, est ce normal? surement pas Ils cherchent alors à s'en sortir et l'avenir est ailleurs, alors comme tant de mères je pousse mes poussins à chercher fortune tout autour du chemin et au clair de la lune....

J'ai pleuré des larmes froides, cachée, au fond du jardin.

J'ai acheté des vêtements d'été en suffisance afin d'envisager un voyage, je projette de refaire un passeport et ai même sélectionné une Guest House à Madras et des plans shopping à Pondy, je ne laisserai pas filer ma peine ainsi que l'hiver, si mon fils ne vient à moi, prend garde à lui!

J'irai conquérir mes peurs et aller dans ce pays, même si je m'étais juré de ne jamais y aller depuis une escale épouvantable à Calcutta, mais de Calcutta à Chennai,  de cette vision ancienne apocalyptique à cette mégapole, dans le fond est ce pire que Djibouti, où j'ai réussi à survivre.

Partir c'est mourir un peu, ne pas partir c'est renoncer à vivre.






2 commentaires:

Martine a dit…

Tu as raison, pas la peine de pleurer, tu tiens un bon motif de voyage que personne ne peut te contester...

Guillaume a dit…

"La France de demain, part, assez souvent pour quelques temps, car trop de jeunes aujourd'hui en France naviguent de CDD en pas grand chose, est ce normal? surement pas Ils cherchent alors à s'en sortir et l'avenir est ailleurs (...)"

Mm.. pas vraiment, on est plutôt une exception.

1/ du fait de nos études (commerce / gestion) on est vraiment pousser à partir mais ce n'est pas le cas de l'ensemble des filières (loin de là).

2/ même à l'intérieur de notre filière, si beaucoup de gens partent un semestre / une année en échange universitaire peu de monde part vraiment pour bosser post-diplôme (et encore moins en Inde).

Bref, je suis quelqu'un d'exceptionnel et surtout de très modeste.

PS. avec les nouvelles technologies la distance n'est plus un réel facteur d'éloignement.