lundi 11 novembre 2013

L'anachorète de Notre Dame de Lure



Certains vont au bout du monde pour trouver je ne sais quoi, nous on va  au bout de petites routes. Notre Dame de Lure sera dans ma tête à jamais une étape différente.



                               Mon homme pose juste pour que vous ayez une idée de l'arbre.

Je me méfie de bien des choses, des ermites en particulier. Arrivés à Notre Dame de Lure, mon mari ayant fait le tour des lieux me dit

Il y a un ermite, tu verras, un vrai, un  vieux soixante huitard, surement, , cheveux et barbe blanche mêlés! On dirait un druide.

Nous avions eu la visite du chien de l'ermite, un brave chien noir qui voulait absolument faire copain et monter dans notre camping car, je refusais avec fermeté, pas de chien dans ma minuscule cabine. Gentil, il accepta de faire ami-ami  en dehors de notre capsule de vie inter-galactique.

Très vite, enfin pas si vite que ça, je suis allée moi aussi faire le tour des lieux, je déteste avoir l'impression d'entrer chez les gens, surtout chez ceux qui semblent vouloir fuir notre société. Heureusement, il n'y avait personne, je passais donc rapidement devant la maison en prenant grand soin de ne pas jeter un regard, afin de ne pas gêner.



Je pris de l'énergie, sur l'arbre, celui pour lequel je fis poser mon mari, en discutant avec lui, mon mari, pas l'arbre, j'appris que celui ci, mon mari, pas l'arbre, ne posait jamais sa main sur des arbres afin d'entrer en symbiose avec eux, à la maison, je parle à mon cèdre et il m'apaise, je sais c'est folie de le faire, peut être encore plus de l'avouer. Mais c'est folie innocente n'est ce pas?

Mon mari étant parti faire le tour des lieux, enfin, le grand tour et je décidais de revenir sur mes pas afin de rentrer dans le camping car, en passant devant l'ermitage, je vis l'anachorète sortir et faire mine de trafiquer dans son jardin, je le saluais, il me répondit, il n'avait répondu précédemment au salut de mon homme, qui passait peut être trop rapidement.

L'ermite et moi savions déceler autrement qu'avec la parole,  regard perçant,  questions désarçonnantes et amusantes, il nous confia la clef de l'église, nous laissa seuls, nous le retrouvions en partant, il a fallu le chercher un peu,  et de fil en aiguilles, la conversation  finit par s'égarer sur des sentiers si ésotériques mais néanmoins pragmatiques.

Il nous raconta l'histoire récente de l'ermitage, un premier homme parti sans laisser aucune trace, le précédent ermite fut retrouvé pendu, après deux ans d'ermitage, je  conseillais alors de guider les âmes présentes. Le regard acéré de l'anachorète me jaugea de nouveau, puis il me confia  l'avoir fait, avec l'aide d'une amie radiesthésiste mais depuis s'ennuyer, une fois cette présence écartée. Pourtant bien de bonnes âmes vivent encore dans ces lieux, je l'en assurais, j'espère qu'il en a trouvé, leur compagnie est bien plus légère

Nous papotions ainsi quelques moments puis nous nous sommes quittés avec l'A Dieu qui nous retrouvera, un jour.



En partant je songeais à cet homme qui vivait seul depuis dix ans, dans ces lieux magnifiques,
 il nous a dit penser mourir assassiné, de nos jours les ermites meurent toujours assassinés, sans raison si ce n'est la jalousie que l'on peut tous ressentir vis à vis de ses hommes qui ont su couper toutes allégeance avec notre société, ou presque, pas d'eau courante, pas d'électricité, pas de télé, pas de ... Juste la nature, l'église et lui.

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